Il aura fallu prendre son mal en patience, mais la délégation territoriale de la Croix Rouge française à Mayotte bénéficie d’un siège flambant neuf à Passamaïnty. Une inauguration réalisée ce lundi 28 juin 2021 en présence du directeur général, Jean-Christophe Combe, qui a rappelé les principes et les valeurs de l’association fondée par Henry Dunant. Avec cette nouvelle maison, la Croix Rouge ouvre une nouvelle page de son histoire, sur un territoire où les missions ne manquent pas.
« On n’a pas fait les choses à moitié ! » Dans le brouhaha des mbiwis, toutes les voix sont unanimes à quelques secondes de dévoiler officiellement la plaque du nouveau siège de la Croix Rouge française à Passamaïnty, situé à proximité du lotissement Les Palétuviers. Un projet débuté il y a une décennie qui voit enfin le jour après deux ans de travaux. Dans l’euphorie du rendez-vous, des dizaines de bénévoles s’adonnent même à plusieurs déhanchés au passage du directeur général de l’association, Jean-Christophe Combe, venu spécialement sur le territoire pour l’inauguration. Reconnaissable de loin, de par sa couleur caractéristique, cette « maison » construite sur le principe de l’unité accueille désormais l’ensemble des directions des différents pôles. « Chacun dans nos responsabilités a le devoir de protéger cet emblème, ses principes et ses valeurs », rappelle l’invité du jour, sans oublier de mentionner l’acte fondateur d’Henry Dunant lors de la bataille de Solférino le 24 juin 1859. « Le grand public viendra toujours frapper à [notre] porte, il faudra continuer à l’accompagner et à l’orienter. »
« Nous faisons partie de l’écosystème »
Présente depuis une vingtaine d’années, la délégation territoriale se positionne depuis comme un acteur incontournable sur le 101ème département. Comme en témoignent son implication au cours de la crise sanitaire avec le centre de dépistage, sans lequel « 15.000 passagers n’auraient pas pu voyager depuis janvier », le dispositif de vaccination alors que le variant Delta est aux portes de Mayotte, le programme de prévention santé (accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement) et la distribution des bons alimentaires d’urgence. « Nous faisons partie de l’écosystème et il faut le cultiver », se réjouit celui qui est en poste depuis 2017. Mais aussi et surtout, la structure locale ne cesse de croître et comptabilise aujourd’hui plus de cent salariés et quelque 300 bénévoles. « Que nous soyons fiers collectivement du travail qui a été fait. De mémoire de Mahorais, nous n’avons jamais vu autant la Croix Rouge auprès de la population », se félicite Jean-Christophe Combe, convaincu de devoir « assurer la résilience des individus et des collectifs vers un retour à l’autonomie » et « tendre la main à celui qui en a besoin pour lui rendre sa dignité ». En clair, cela ne se résume pas seulement à « nourrir les gens » et à « leur donner accès à la santé ».
Peu importe les animosités des uns et des autres, notamment à l’égard des populations en situation irrégulière, le directeur général persiste et signe. « Nous ne regardons pas la nationalité et la situation administrative. Même si cela peut poser question, nos actions parlent d’elles-mêmes. Nous sommes pleinement implantés », indique-t-il en guise de réponse à ses détracteurs. Avant d’ajouter : « Le procès fait à la Croix Rouge est injuste, c’est méconnaître nos activités ! » Preuve en est avec le doublement des capacité du service de soins infirmiers à domicile dans le but de couvrir l’ensemble du territoire et l’accompagnement des personnes âgées et en situation de handicap. « Nous sommes sur tous les fronts et nous aidons tout le monde. C’est notre raison d’être et d’agir. » Voilà qui est dit.
« La Croix Rouge, c’est vous ! »
Pour « probablement » sa dernière apparition publique à Mayotte, le préfet Jean-François Colombet ne cache pas non plus sa joie de côtoyer « les plus hauts dignitaires de la Croix Rouge », à l’instar de Françoise Fromageau, la vice-présidente de la Fondation, ou encore Gaëlle Nerbard, la directrice nationale Outre-mer. Un contingent réuni durant quatre jours pour structurer et professionnaliser encore davantage l’association. « Cette maison aussi belle fut-elle reste du béton, du plastique et de l’acier, et les salariés et les bénévoles vont lui donner une âme. […] La Croix Rouge, c’est vous ! », conclut-il, comme pour remercier une dernière fois de vive voix l’engagement et la détermination des Mahoraises et des Mahorais qui se plient en quatre pour faire avancer leur île.