Venus des quatre coins de Mayotte, ils ont présenté leurs propositions pour atteindre l’égalité des sexes. 70 élèves ont clôturé un travail de longue haleine lors de la finale des États généraux des droits de l’enfant qui s’est déroulée, ce samedi 27 mai, au collège Ouvoimoja de Passamainty.
Réfléchir à l’égalité femmes-hommes, c’était le défi de 70 élèves de Mtsamboro, Doujani, Passamainty, Dembéni, Petite-Terre et Chirongui. Samedi 27 mai, au collège Ouvoimoja de Passamainty, ils ont adressé leurs propositions au jury. Pour sa première participation, l’île de Mayotte a été accompagnée et soutenue par Haki Za Wanatsa et CIDE, collectif de trente associations. La thématique de cette année, l’égalité femmes-hommes et filles-garçons. “Nous sommes au XXIe siècle et nous sommes toujours en train de débattre sur l’égalité filles/garçons, ce n’est pas normal !”, défend le binôme de Pamandzi.
L’éducation, thématique principale
Plusieurs thématiques ont surgi : les stéréotypes de genre dans la sphère publique et privée, les violences physiques et mentales, mais une a pris le dessus. Les six binômes l’ont abordé : l’éducation, qu’elle soit familiale ou scolaire. « Certains parents se rendent compte de l’éducation qu’ils ont reçue et trouvent qu’elle n’est pas forcément adaptée à l’éducation de leurs enfants. Par contre, ils n’ont pas forcément les outils pour améliorer cette éducation. Du coup, l’enfant risque d’avoir peur de se confier ou d’avouer son problème à ses parents », déclare le binôme de Chirongui. Les jeunes ont dénoncé cette inégalité femmes-hommes, notamment comment eux la subissent. L’Éducation nationale a pourtant mis en place des directives, mais les élèves avancent un manque d’application et de parole autour de ces dernières. « Elles semblent toutefois peu connues des enseignants et leur application dépend de leur curiosité, de leur bon vouloir ou de leur militantisme », soutient les jeunes de Pamandzi.
Une éducation sexuelle à améliorer
Nasma Ali et Douhlfkir Chamsidine, représentants de Chirongui, ont convaincu le jury. Ils partiront en novembre à Paris, afin de représenter leurs camarades devant l’Assemblée nationale. Leur proposition était centrée sur l’éducation sexuelle. Ils veulent comptabiliser les heures effectives d’éducation à la vie affective et sexuelle dispensée auprès de chaque élève au cours de sa scolarité. Le quota fixé par la loi de 2001 est de 21h. Pourquoi cette thématique ? Ces heures seraient essentielles à la protection de l’enfance.
Des sujets assez tabous à Mayotte, l’éducation sexuelle n’étant pas souvent dispensée aux enfants par leurs parents. « Le respect de cette loi contribuerait à la prévention et la réduction des risques tels que les grossesses précoces non désirées, les mariages forcés, le harcèlement, les violences sexuelles », affirme le binôme gagnant. Ils soutiennent que l’éducation sexuelle scolaire n’est pas complète et ne traite que le côté biologique. « L’éducation à la sexualité devrait commencer par un enseignement de ce qu’est le consentement. On ne peut pas se contenter d’une éducation à la contraception ou un enseignement qui concerne la physiologie du corps humain donc l’appareil reproducteur. Il faut s’interroger aussi sur la construction sociale de l’amour », continuent-ils.
Une autre proposition a conquis la salle, celle de nommer dans chaque établissement des “référent.es égalité », qui se chargeraient de mettre en place plus de directives et projets pour réduire les inégalités, mais aussi faire de la prévention. Les duos de Pamandzi et Chirongui ont été durs à départager. Sur plus de cent points, quatre les séparaient. Après une longue délibération, la directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes (DRDFE) à Mayotte, Taslima Soulaimana, a décidé de tout faire pour que les deux binômes aillent à Paris, jugeant que les deux étaient méritants. Le dossier est cependant en cours de validation et sous réserve de crédits.