À 24 ans, Nourayne Massiala est un Mahorais qui a soif de réussir. Son ambition n’a qu’un seul objectif, contribuer au développement de son île. Fraîchement diplômé d’un master 2 en management sportif, il travaille depuis peu à la DRAJES, la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, en tant que chargé de mission Pass’Sport. Et le jeune homme originaire de la commune de Bouéni a de grands projets pour Mayotte.
Assis sur son bureau, les yeux rivés à la fois sur son ordinateur et la paperasse étalée sur sa table, Nourayne Massiala prend un air sérieux. Il faut reconnaître que l’heure n’est plus à la rigolade. Il porte à bras le corps le dispositif Pass’Sport mis en place par l’État depuis l’année dernière. Il consiste à attribuer une allocation de 50 euros aux jeunes de 6 à 17 ans bénéficiaires de l’allocation scolaire, les boursiers jusqu’à 28 ans révolus, et les jeunes et adultes handicapés afin qu’ils puissent payer leur adhésion ou leur licence dans un club sportif.
L’année dernière, seulement 316 personnes avaient pu en bénéficier à Mayotte sur 25.000 jeunes éligibles. Alors cette année, la DRAJES entend bien mettre les bouchées doubles et y remédier. C’est la raison pour laquelle elle a fait appel à Nourayne Massiala. Ce dernier a un objectif précis qu’il doit atteindre d’ici la fin de l’année 2022. « Nous devons atteindre 1.000 jeunes pour l’année 2022-2023, mais le dispositif est valable jusqu’au 31 décembre de cette année, donc nous n’avons pas beaucoup de temps », explique-t-il. La mission est d’autant plus compliquée qu’il a pris ses fonctions le 1er août 2022. Il a donc cinq mois pour accomplir cet exploit et il s’investit pleinement pour y arriver. « Je dois revoir toute la stratégie de la promotion du dispositif, accompagner les structures et faire la promotion dans toutes les communes et tous les établissements scolaires du second degré. » Lui qui pensait faire un travail de bureau, se retrouve constamment sur le terrain, pour son plus grand plaisir.
Le sport, plus qu’une passion
Si cet enfant du pays a embrassé cette carrière, ce n’est certainement pas par hasard. Le sport a toujours fait partie de sa vie. « J’ai fait du football, j’ai participé à des sections jeunes, dans l’océan Indien. J’ai même été capitaine U15 puis U17 des sélections de Mayotte », raconte-t-il. Il songe un temps à devenir footballeur professionnel, mais il réalise rapidement que le niveau régional et national est très élevé. Il préfère alors s’orienter vers les études de sport. C’est ainsi qu’après son baccalauréat scientifique il s’inscrit en licence STAPS, sciences et techniques des activités physiques et sportives, à Rouen, puis en master 1 et 2 en management sport. « Ma mère voulait que je fasse médecine, mais je lui ai expliqué que je n’aimais pas cela et que je voulais m’engager dans ce qui me motive réellement et elle m’a soutenu. Aujourd’hui, elle est ma plus grande supportrice. Elle me pousse à aller de l’avant et à aider les autres », assure-t-il.
Dès la fin de ses études, Nourayne Massiala revient dans le département car ses intentions ont toujours été claires. « Je devais partir dans l’Hexagone pour faire mes études puis revenir à Mayotte afin de contribuer à son développement. En métropole, dans le domaine sportif tout est déjà fait alors qu’ici il y a tout à faire. Qu’il s’agisse des infrastructures, ou de l’entretien des dispositifs, il faut développer l’activité sportive. » Ce qui le motive particulièrement est l’avenir des enfants mahorais. Il avoue ne pas avoir eu les structures nécessaires qui lui auraient permis d’embrasser une carrière de footballeur professionnel, alors il ne veut pas que la très jeune génération soit aussi obligée de sacrifier ses rêves. « Mon ambition est d’avancer ensemble, emmener une dynamique dans le monde du sport. Je veux vraiment travailler dans le développement des structures sportives », affirme-t-il.
Un esprit d’entrepreneur
En plus de son poste de chargé de mission Pass’Sport à la DRAJES, Nourayne Massiala est un entrepreneur. Alors qu’il faisait encore ses études, avec un ami, il crée une société qui vend du textile sportif, appelée My Sport 976. Les produits sont disponibles en ligne sur les réseaux sociaux. « J’ai aussi une autre idée d’entreprise qui se spécialisera dans la location de matériel pour le sport innovant et la formation des dirigeants de ce type d’activités », explique-t-il. Et comme pour prouver son engagement envers la jeunesse, il a intégré l’encadrement du club de foot de son village de Hagnoundrou afin d’inciter les petits à en faire.
Le monde associatif n’est pas nouveau pour lui puisque dès ses premières années en France métropolitaine, il est devenu membre de plusieurs associations qui aident et guident les étudiants mahorais. Désormais, le jeune homme est fier de son parcours, mais il sait que le plus dur reste à venir. Mayotte a besoin de personnes comme lui et c’est pour cela qu’il recommande aux Mahorais qui vivent ailleurs de rentrer chez eux. « C’est nous qui devons développer notre territoire, personne ne le fera à notre place. Il est vrai que certains le font de l’extérieur, mais cela n’a pas le même impact. Il est important d’être au pays pour le faire. »