Sur l’île de Nosy Bé, à Madagascar, l’association italienne Giovanna per il Madagascar Onlus a mis en place plusieurs structures pour venir en aide aux populations défavorisées. Parmi elles, un orphelinat et un dispensaire pour les malades atteints du diabète. C’est le dernier volet de notre série d’articles sur l’autre « île aux parfums ».
L’ambiance est sage dans la maison familiale de l’association Giovanna per il Madagascar Onlus, inaugurée en 2018 sur l’île de Nosy Bé, à Madagascar. Cet orphelinat, construit à Hell-Ville et géré par deux religieuses de la congrégation des sœurs de Saint Jean-Baptiste, accueille trente-deux enfants, comme en témoigne la brochette de paires de chaussures alignées dans la cour. C’est là que les sœurs veillent, entre autres, à ce que la bonne entente règne dans les dortoirs de seize lits superposés, autant celui des filles que des garçons. Âgés de 5 à 18 ans, les enfants présents ici ont été laissés là par des parents ou des familles trop en difficulté pour s’en occuper. « Ce n’est pas tous les jours facile, car ils arrivent tous ici avec des éducations différentes », nous confie Marie-Louise, une des soeurs en charge de l’orphelinat depuis six mois, qui reconnaît que faire cohabiter trente-deux enfants, leurs histoires et les règles de la maison n’est pas toujours chose aisée.
En s’aventurant dans les locaux, nous découvrons des lits tirés à quatre épingles, une salle d’étude et de jeux, une salle à manger où la table est déjà mise, et des marmites en train de chauffer sur des charbons de bois. Les enfants qui ne sont pas à l’école, située à deux pas et également construite par l’association, sont tous regroupés autour d’Isa Monti, la fondatrice italienne de l’association, qui leur rend régulièrement visite durant la partie de l’année où elle se trouve à Madagascar.
« On ne les laisse pas tomber »
« Il y a des psychologues qui viennent en volontariat, mais seulement une semaine par-ci, par-là », détaille-t-elle. Si tous ont le sourire au moment de notre venue, la sœur Marie-Louise nous explique que certains d’entre eux portent des histoires très compliquées. À l’image de Clarita, qui habite la maison familiale depuis cinq ans. Atteinte de rachitisme, elle vient de subir une énième opération des jambes et ne peut pas sortir de son fauteuil roulant. « Je m’ennuie car je ne peux plus aller à l’école à cause de ça », explique-t-elle, émue. Isa l’a prise sous son aile et a tout fait pour qu’elle puisse recevoir les meilleurs soins, en vain. Elle espère pouvoir prochainement l’amener en Europe pour une dernière opération. Clarita a bientôt 18 ans, et devra donc quitter l’orphelinat, mais hors de question pour l’association de lâcher les jeunes qu’elle a accompagnés dans la nature. « Quand ils ont 18 ans, on s’arrange pour trouver des solutions. Je leur dégote un stage, ou une formation. On ne les laisse pas tomber », assure Isa Monti.
Pour accompagner les enfants, et pallier leur ennui, notamment pendant les vacances scolaires, l’orphelinat accueille régulièrement des volontaires. « Toutes les compétences sont les bienvenues tant qu’il y a une vraie volonté et un réel projet pour soutenir ces jeunes », insiste la fondatrice, qui regrette certaines expériences malheureuses avec des bénévoles venus principalement pour faire du tourisme et profiter de la vie nocturne malgache.
Un dispensaire dédié au diabète
Le travail de l’association ne s’arrête pas aux portes de l’orphelinat. Parmi les cordes que comprend son arc, on retrouve celle du dispensaire dédié au diabète, situé également à Hell-Ville. C’est par cette infrastructure que le travail de l’association a commencé. En effet, Isa Monti l’a créé en hommage à sa fille, Giovanna, décédée de cette maladie. Une première salle est construite en 2010, et depuis, le centre ne cesse de s’agrandir, entre salles de soins, de pansement et laboratoire. Actuellement, c’est une salle de radiographie adaptée qui est en cours de construction. ‘Le diabète est un problème de santé publique à Madagascar, et à Nosy Bé encore plus », affirme le docteur Andrianaina Rinaldo, qui travaille depuis deux ans avec le docteur Jean Eric Rivo Andriantahina, médecin chef du centre. Le premier met en avant une forte consommation de riz et d’alcool sur l’île. « Ici, c’est compliqué de faire comprendre aux patients qu’on peut soigner une maladie et vivre bien avec sans la guérir. Cela complique notre travail car certains patients ne vont pas suivre correctement les traitements », livre-t-il. Ainsi, les 250 consultations effectuées par mois en moyenne permettent le diagnostic de quinze à vingt nouveaux cas de diabète.
Si le centre est spécialisé dans le traitement de cette pathologie, sa réputation attire à lui des patients souffrant d’autres maladies. La dizaine de personnels du dispensaire les soigne sans distinction, dans la limite de leurs moyens, et n’hésitent pas à les renvoyer vers d’autres professionnels quand cela s’avère nécessaire. Une philosophie qui se ressent à travers l’ensemble des infrastructures de l’association : ne pas laisser tomber l’autre.