Un peu plus d’un mois après un précédent mouvement de grève, le personnel du lycée de Sada revendique à nouveau une “souffrance au travail”. Jeudi 24 mars, les employés administratifs, techniques, ouvriers, sociaux et de santé (ATOSS) ainsi que des professeurs ont décidé de manifester dans l’enceinte de l’établissement pour dénoncer une “situation dégradée depuis trop longtemps”.
“Mails vexatoires, humiliations, brimades, chantage…” Les représentants des syndicats ne tarissent pas d’éloges lorsqu’il s’agit de décrire la direction du lycée de Sada. À l’origine de ces tensions ? Un cruel manque de communication entre les employés et le proviseur de l’établissement. “Nous sommes face à un pouvoir très vertical”, affirme Asma*, employée administratif, technique, ouvrier, social et de santé (ATOSS). “J’ai été évincée d’un projet que je portais depuis plusieurs années et lorsque j’ai demandé des explications, je n’ai jamais eu de réponse.” Autour de la table en salle des professeurs, tous évoquent un malaise grandissant et des discriminations.
Différents sons de cloche
“Le lycée se développe depuis trois ans. Nous avons inauguré de nouveaux bâtiments, ouvert une classe préparatoire aux grandes écoles… L’établissement évolue et certains refusent ces changements”, se défend Jean-Pierre Redjekra, proviseur au sein du lycée de Sada. En effet, les personnels en poste depuis plus de vingt ans ne cachent pas leur mécontentement à l’heure où de nouveaux cadres de catégorie A et B sont affectés à leurs postes. “C’est moi qui ai formé cette personne et aujourd’hui, je me retrouve à effectuer des tâches subalternes », se révolte Fatima*, cadre de catégorie C. Une mutation pourtant nécessaire que justifie le chef d’établissement, qui dit comprendre “que certains employés puissent se sentir lésés” et assure leur confier des missions importantes bien que différentes de celles qu’ils assuraient jusqu’à présent.
Impossible d’accorder ses violons ?
Mercredi 23 mars, les personnels éducatifs ont pu durant quatre heures discuter avec Jean-Pierre Redjekra afin de faire remonter leur mal-être. Une réunion qui n’a visiblement pas contenté les grévistes qui étaient rassemblés dès le lendemain. “Il y a un gros problème au niveau des ressources humaines”, s’indigne Marc*, enseignant en Histoire-Géographie. “Tous les arrêts maladies sont suspicieux. L’établissement demande des justifications qui n’ont pas lieu d’être. Les ATOSS n’ont pas de fiche de poste. Les contractuels soucieux de ne pas perdre leur poste souffrent en silence…”
Alors que le dialogue semble rompu, le proviseur affirme prendre en considération les demandes des uns et des autres et a d’ores et déjà programmé le 29 mars une permanence d’écoute des personnels avec un cadre des ressources humaines du rectorat. “Ceci pourrait être un moyen pour les employés de discuter avec une personne extérieure et de mettre en place des solutions”, affirme Jean-Pierre Redjekra. Mais alors véritable solution au problème ou coup d’épée dans l’eau ?
Silence radio
“À 11h aujourd’hui, le proviseur a proposé un temps d’échange, mais l’ensemble du personnel a refusé pour renvoyer à la direction le sentiment ressenti par celui-ci lorsque celle-ci refuse de répondre à nos sollicitations écrites”, répond l’un des représentants syndicaux. Mardi prochain les plaignants rencontreront également le recteur, Gilles Halbout lors d’une audience. L’occasion peut-être de trouver un terrain d’entente face à ce problème qui semble insoluble…
* Les prénoms ont été modifiés