Démarré fin octobre, le mouvement de grève des internes en médecine du CHM se poursuit. En cause : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui prévoit une quatrième année d’internat pour les généralistes, dans les déserts médicaux.
« Quand on voit les chiffres du mal-être en médecine et le nombre de médecins sous anti-dépresseur, je trouve aberrant qu’on nous impose une quatrième année d’internat, dans un endroit que l’on a pas choisi et en autonomie », s’agace Margaux Servant, interne en médecine générale en deuxième année, au CHM. Comme elle, 25 des 40 internes en médecine de l’hôpital se sont à nouveau mobilisés ce jeudi 17 novembre. Ils poursuivent le mouvement débuté fin octobre pour protester contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), amendé pendant cinq jours, puis adopté en première lecture par les sénateurs le 15 novembre. Ce projet prévoit en effet la création d’une quatrième année d’internat pour les médecins généralistes afin qu’ils soient détachés dans un désert médical en dernière année.
« Nous craignons que cela se termine comme le dispositif des docteurs juniors, éclaire Pierre-Antoine Jubault, interne en pneumologie, à Mayotte depuis début novembre et représentant du syndicat des internes de l’océan indien. Cette « année de transition », mise en place il y a deux ans, devait préparer les internes à être totalement autonomes. Mais dans les faits, ils ont les mêmes responsabilités que les chefs, ne sont pas supervisés et conservent leur salaire d’interne. »
« Supprimer la liberté d’installation »
Mayotte fait partie des zones sous-dotées. Pour autant, venir exercer sur le territoire doit être un choix selon les futurs médecins. « Beaucoup d’étudiants ne veulent pas venir en raison de l’insécurité. Sur le plan médical, c’est un territoire intéressant mais avec son lot de complexité. Il manque des spécialistes, il n’y a pas de neurologues ou de rhumatologues. Pour avoir leur avis, il faut contacter les professionnels de La Réunion. Il vaut donc mieux venir en connaissance de cause », souligne Margaux Servant.
Dans le même temps, le projet de loi vise à « simplifier et renforcer la coordination de l’installation des professionnels de santé. » Pour les internes en grève, il s’agit tout simplement de « supprimer la liberté d’installation. » « C’est un métier qui est déjà difficile et on veut nous dégoûter », poursuit l’étudiante en médecine.
« Nous ne voulons pas d’une grève illimitée »
Anticipé, le mouvement de grève n’aurait toutefois pas eu d’influence sur l’activité du CHM. « Les médecins seniors se sont organisés. Nous avons manifesté ce jeudi mais nous ne voulons pas nous mettre en grève illimitée. Nous estimons que l’on perdrait en crédibilité. L’idée est qu’il y ait un vrai retentissement et que cela puisse toucher l’opinion publique », insiste Pierre-Antoine Jubault. Les internes mobilisés, qui demandent le retrait des mesures évoquées, espèrent toutefois ne pas avoir à reconduire ce mouvement. « Cela peut être délétère pour les patients », convient le représentant du syndicat.
Le ministre de la santé, François Braun sera en visite dans l’Océan Indien les 28 et 29 novembre, à La Réunion puis à Mayotte. Une visite très attendue par les internes.