La DJSCS État, la Ligue de l’enseignement, le Cros Mayotte et le Rectorat ont présenté ce mercredi la première junior association de l’île. Désormais, la jeunesse mahoraise pourra conduire ses propres projets pour le développement du territoire.
Ils s’appellent Aïna Lyna, Farouk, Sahilou Rayka, Faizati, Ankifina, Khalad-Combé, Abdoulraouf, Nouria, Fayzouna et Oihitoinia, viennent de Koungou et ne se connaissaient pas tous il y a encore quelques mois. Mais parce qu’ils ont de l’ambition pour leur ville, ces étudiants du Lycée des Lumières à Mamoudzou Nord ont décidé de se rassembler pour former un seul et même groupe qu’ils ont baptisé L’Espoir, C’est Nous. « Nous nous sommes rendu compte que nous étions animés par les mêmes préoccupations : la défense de la culture et de la biodiversité mahoraises dans notre commune. Alors durant le confinement, nous avons enchainé les visioconférences pour pouvoir aboutir à ce projet », explique Aïna Lyna Imourana, 15 ans, leur porte-parole. « La première étape était de créer l’association et nous y sommes arrivés le 30 septembre dernier. »
Accessibles sur le réseau social Instagram (lespoircest.nous) et par mail (lespoircestnous@gmail.com), les jeunes membres de l’association ont défini quatre pôles autour desquels ils oeuvreront pour « contribuer au bien-être des jeunes de la commune de Koungou en replaçant l’entraide et le soutien au cœur des projets ». Il s’agit de l’environnement avec un travail de sensibilisation et de ramassage ; la culture avec des sorties découverte ; la scolarité avec notamment des ateliers d’éloquence ; le dernier pôle gravite autour de la communication et des médias, avec entre autres, un projet de promotion des talents.
L’Espoir C’est Nous est une association pas comme les autres. C’est la toute première « junior association » de Mayotte. « En France, le RNJA [Réseau national des juniors associations] a été créé en 1998 et j’y étais ! J’étais à l’époque conseiller d’éducation populaire et de jeunesse et j’avais participé au séminaire de réflexion ayant abouti à la mise en place de ce dispositif. 22 ans après, je suis très fier qu’il arrive à Mayotte », confie Patrick Bonfils, directeur de la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS) État.
Revendiquer le droit d’agir
Cela fait donc plus de deux décennies que le Réseau national des juniors associations propose aux jeunes français âgés entre 11 et 18 ans de se regrouper autour d’un projet, et de le concrétiser à travers la création d’une junior association. Le RNJA permet aux membres des juniors associations de se concentrer sur le développement de leurs idées en les libérant des contraintes administratives – création du cadre juridique, affiliation à une assurance, création et gestion du compte bancaire – qu’on retrouve dans une association classique. L’action de l’institution ne se résume pas qu’en la gestion des démarches administratives des juniors associations.
Le RNJA met en marche son réseau pour donner aux jeunes engagés un maximum de chances de réussir leur projet. Enfin, la maison mère des juniors associations s’assure de l’accompagnement de ses structures. En juin dernier, le RNJA a signé une convention avec la DJSCS État, la Ligue de l’enseignement et le Comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte, à qui mission a été confiée d’encadrer les juniors associations de Mayotte.
L’émergence des juniors associations ravit en tout cas Bacar Achiraf, le président de la Ligue de l’enseignement. « Cela montre que les jeunes mahorais sont ambitieux, qu’ils savent prendre des initiatives, qu’ils souhaitent être responsables et qu’ils veulent prendre leur place dans la société. À travers leur implication dans le monde associatif, ils vont apprendre à porter des projets, à défendre des points de vue, à mettre en place des actions et à rendre compte. C’est un apprentissage pour leur prochaine vie d’adulte. »
« Ce n’est que la première junior association d’une longue série »
La Ligue de l’enseignement effectuera les dépenses au nom de la junior association lorsque les jeunes porteurs de projets solliciteront son intervention financière. Il en sera ainsi pour toutes les juniors associations de Mayotte. Car l’Espoir C’est Nous, « ce n’est que la première junior association d’une longue série », espère Patrick Bonfils. La deuxième est d’ailleurs déjà en cours de création, à Kahani. Pour couvrir l’ensemble du territoire, la Ligue de l’enseignement et le Cros Mayotte, les deux relais départementaux du RNJA, se sont répartis les communes, mais géreront tout de même, ensemble, les grandes communes de l’île. « On a souvent tendance à associer le Cros Mayotte au sport, et à oublier que le Cros Mayotte, ce n’est pas que le sport », note Madi Vita.
« Nous avons quatre missions régaliennes et l’une d’elles, nommée « Sport, éducation et citoyenneté » couvre le service Crib [Centre de ressources et d’information pour les bénévoles], qui s’adresse à l’ensemble des associations mahoraises, sportives ou non », rappelle le président du Cros Mayotte. Ce n’est que le début de l’aventure pour les juniors associations. Grâce à ce dispositif, les jeunes mahorais, leurs idées, leurs projets seront le centre d’intérêt aux yeux des décideurs et financeurs. Une chose est sure : la DJSCS, la Ligue de l’enseignement, le Cros Mayotte et le Rectorat y veilleront.
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