Un hebdo parodique en ligne vient d’être créé par un m’zungu installé à Mayotte. Dans ses articles, il tourne en ridicule les problèmes sur l’île : pénurie de soignants, crise de l’eau etc… Des articles drôles pour rire des galères du quotidien.
Un hebdomadaire décalé a fait son apparition dans le paysage médiatique mahorais. Magnégné News. “L’hebdo de merde qui vous ressemble, l’hebdo de merde qui vous rassemble”, peut-on lire en préambule sur le site. On est dans l’ambiance. Le créateur et unique rédacteur de ce média parodique – qui souhaite rester anonyme – tourne en ridicule les travers des institutions de Mayotte en maniant avec talent l’humour absurde.
“Quand je suis arrivé à Mayotte il y a trois ans, je me suis retrouvé face à des situations qui me semblaient improbables. Je les racontais à mes amis mais je me suis dit jamais ils ne me croiront”, se souvient le métropolitain. Ses expériences sur l’île l’inspirent, quand une situation l’amuse, « pendant un repas, une réunion… », il prend des notes sur son téléphone avant de lancer le site il y a trois semaines.
“Initiatives de Santé Transversales ou encore IST”
Dans le premier article publié, il dévoile “La médecine autonome à Mayotte, la nouvelle stratégie audacieuse” de l’hôpital pour répondre à la pénurie de soignants. Jean-Marc Defour, le directeur du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) incarne un défenseur de la médecine autonome. Pour s’y former, les patients doivent s’inscrire en ligne sur le site Jéjébobo.yt, et les cas les plus graves sur le site Jéjégrosbobo.yt. Ils apprennent lors d’un atelier “à esquiver les coups de machette, à s’enfuir rapidement, puis à préparer un garrot en moins de 10 secondes. C’est un peu comme le triathlon, mais avec plus d’adrénaline et de sang. Je ne désespère pas de voir cette pratique apparaître aux JO lorsque Mamoudzou les accueillera en 2070, insh’Allah” lit-on dans la bouche du directeur parodié. Ce programme s’inscrit dans un projet plus large appelé “Initiatives de Santé Transversales ou encore IST”, inspiré du système de santé malgache, qui rappelle étrangement le sigle des infections sexuellement transmissibles. “J’ai récemment discuté avec des élus de Koungou qui disaient être revenus de leur voyage à Madagascar avec beaucoup d’IST !”, continue le n°1 satirique du CHM.
“Un troisième bras qui pousse” avec l’eau de la SMAE
Dans le second article, le pseudo-journaliste s’attaque à une autre institution et non des moindres, la Société Mahoraise des Eaux, avec une plongée dans ses coulisses en compagnie de la directrice Françoise Fournial, également parodiée. “Je bois de l’eau du robinet tous les jours et avant que vous me posiez la question non, aucun rapport avec le troisième bras qui est en train de pousser“ est-il écrit en référence à des propos qu’elle avait tenus en 2021 : “Je bois l’eau du robinet tous les jours, mes filles aussi”. Dans la société, les salariés jouent au puissance 4 et au coinche, chacun représente un village et lorsque l’un d’entre eux perd, le village subit alors une coupure d’eau inopinée. “Ah, là, vous voyez ? Djamila vient d’être éliminée… C’est Dembeni qui va déguster. C’est une manière de motiver tout le monde et de créer un environnement de travail stimulant”, découvre-t-on.
L’auteur du média qui est un grand fan du Gorafi (journal parodique), compte moquer les différentes institutions de Mayotte, la Cadema, le Conseil départemental etc… Une démarche qui ne vise pas à simplement critiquer avec un regard de métropolitain. “Je rencontre plein de wazungu qui dénoncent le fonctionnement des collectivités mais souvent ils travaillent pour elles. En fait ce que je veux dire, c’est qu’on fait tous partie du problème, à tout niveau chacun fait de la merde, moi aussi”, estime-t-il.
En revanche, à ses yeux, les dysfonctionnements des institutions sont peut-être plus saillants à Mayotte et donnent matière à l’absurde. “Chaque année, de nouveaux scandales éclatent avec la crise de l’eau, la mairie, le conseil départemental. Les têtes changent mais les problèmes restent”. Une chose est sûre selon lui : “Avec tous les problèmes qu’on a à Mayotte, je ne risque pas d’être en manque d’inspiration”.
Magnégné news, un site à suivre donc pour se divertir et rire des problèmes du quotidien à Mayotte. L’auteur y publie un article chaque week-end. Il les poste également sur les groupes Facebook : Mayotte Expat et Infos routes à Mayotte (IRM).
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.