Les grévistes comptent maintenant sur le conseil constitutionnel

Deux fois 49.3, c’est presque le nombre de manifestants qui a rejoint la place de la République, à Mamoudzou. La mobilisation continue pour les syndicats (enfin pas tous) pour contrer la réforme faisant passer l’âge légal de la retraite à 64 ans.

Après le passage en force de la loi sur la réforme des retraites et l’échec de la motion de censure, ce lundi, il reste de l’espoir pour la centaine de personnes présentes sur le parvis du comité de tourisme de Mayotte. « Il y a encore le conseil constitutionnel, qui peut invalider la réforme. C’est déjà arrivé avec le contrat première embauche en 2006 », rappelle Henri Nouri, qui note que « la majorité est toujours opposée à la réforme ». Le secrétaire général Snes Mayotte (syndicat national des enseignements de second degré) compte ainsi sur le référendum d’initiative partagée (RIP). Ce dispositif peut permettre à une autre loi, en l’occurrence qui empêche le report de l’âge légal à 62 ans, d’être adopté en recueillant 4,8 millions de signatures.

La mobilisation est donc toujours « nécessaire et plus que jamais », défend Balahachi Ousseni, le secrétaire général de la CFDT Mayotte. Pour marquer le coup, le cortège a pris la direction de Cavani et la permanence du sénateur Thani Mohamed Soilihi, vers 10h30. Le sénateur mahorais fait partie des parlementaires ayant voté le texte et est le seul de l’île à être dans le parti présidentiel Renaissance (ex-La République en marche).

Peu de corps de métier représentés

Comme la dernière fois, la profession qui s’est le plus mobilisée reste celle des enseignants. Une déception pour le secrétaire général de la CFDT Mayotte. « Il y a deux autres corps de métier qui vont être particulièrement touchés par cette réforme, les soignants et le BTP. Les soignants ne portent pas que des choses légères. Est-ce qu’ils peuvent faire ça jusqu’à 64 ans ? », fait remarquer le syndicaliste, qui comptait aussi sur les retraités mahorais aux petites pensions pour s’associer au mouvement. Même parmi les syndicats, le front s’est un peu étiolé ces derniers temps, la Confédération générale du travail (hors CGT éduc’) et Force ouvrière n’ayant pas souhaité marcher aux côtés des manifestants du jour. 

Ce n’est peut-être que partie remise. Le référendum d’initiative partagée (RIP) clairement visé doit nécessiter neuf mois le temps de recueillir assez de signatures. En 2020, celui sur la privatisation des aéroports de Paris n’avait atteint qu’un million de signatures, mais avait convaincu l’État d’y renoncer.

Les voix mahoraises soumises au chantage ?

C’est ce qu’a affirmé Estelle Youssouffa, la députée de la première circonscription de Mayotte, au micro de Radio Courtoisie. Selon elle, on lui a « fait comprendre que si [elle soutenait] la motion de censure transpartisane, cela empêcherait la destruction de bidonvilles à Mayotte. Vous imaginez la gravité du chantage ? ». Défendant sur les plateaux de télévision le texte présenté par son groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) à l’Assemblée nationale, elle a voté lundi pour la motion qui a échoué à neuf voix près.

N’ayant pas voté celle-ci, Mansour Kamardine (Les Républicains) a expliqué ses raisons. « J’ai obtenu, de haute lutte, avec le soutien total du groupe LR, une augmentation du minimum retraite à Mayotte de 150 euros. J’ai obtenu, également, l’engagement du gouvernement que la retraite complémentaire des agents contractuels du secteur public (Ircantec) soit ouverte à Mayotte, avant la fin de l’année », a-t-il avancé. Sans parler de chantage, il a toutefois indiquer que la chute du gouvernement pouvait « reporter, à des dates inconnues, l’urgente opération Wuambushu du mois d’avril et la loi de sécurisation de Mayotte du mois de juin ».

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