« Le droit des LGBT est un combat perpétuel »

Refus sur refus, c’est ce qu’a subi le collectif LGBT (Lesbian, Gay, Bisexuel et Trans) de Mayotte. En ce mois de lutte pour la cause LGBT+, des évènements sont organisés par diverses associations. Le 24 juin prochain devait se tenir une soirée organisée par Yannick Somauroo, mais aucun des endroits potentiels n’a accepté de les accueillir, certains ayant déjà des soirées prévues. Le représentant, abasourdi, tente tout de même de mettre en place une soirée de ce type, restant motivé.

Flash Infos : Trouvez-vous qu’il est simple de s’assumer quand on fait partie de la communauté LGBT à Mayotte ?

Yannick Somauroo : Pas du tout. On ne devrait pas avoir honte d’être qui on est. L’homosexualité n’est pas un délit, c’est dépénalisé depuis Mitterrand. Je vis ici et ici, c’est la France. Mayotte ne peut pas être française quand ça l’arrange. C’est un pays laïc et la loi est de notre côté. En plus, nous n’avons aucun lieu pour échanger, se rencontrer et partager nos expériences. C’est ce que nous voulions créer, grâce à une soirée LGBT friendly, mais malheureusement ça ne s’est pas fait. Peu osent s’affirmer à cause des insultes, des menaces… Certains élus locaux nous ont déjà menacé. C’est dur de vivre caché, on ne doit pas avoir honte, la honte ce sont ceux de l’autre camp qui devraient la ressentir. Nous sommes pourtant si nombreux. On peut quand même remarquer que les étrangers s’assument plus. Mais c’est très tabou, beaucoup ont honte, voire peur. On ne fait rien de mal, il faut rester nous-même.

FI : Pourquoi n’avez-vous pas réussi à organiser cette soirée ?

Y.S. : Malheureusement, aucun des lieux n’a accepté. On avait demandé à trois établissements, on avait eu des accords verbaux, certains semblaient même emballés par l’idée, puis du jour au lendemain plus aucune réponse. Nous avions même lancé les impressions des affiches. Franchement, on l’a très mal vécu, ça fait un coup au moral. Mais je pense qu’on nous refuse pour trois raisons : pour l’image et un établissement nous l’a clairement dit, par peur et pour la religion. Mayotte reste un département très ancré dans la tradition et la religion. C’était censé être une soirée test, pour voir ce qu’on pouvait faire, qui on pouvait réunir. Ça devait aussi être une soirée de lancement pour l’association. Une bonne manière de rencontrer des gens et de trouver de nouveaux membres.

FI : Avez-vous prévu d’autres évènements ?

Y.S. : Bien sûr ! On va le faire, on n’abandonne pas. Le droit des LGBT est un combat perpétuel. Comme disait Nietzsche, « tout ce qui ne tue pas me rend plus fort ». Les refus me donnent encore plus envie de faire cette soirée. Ça me motive. C’est un peu de la provocation, mais je ne peux pas m’en empêcher. Ce n’est pas une honte de faire partie de la communauté. Pour l’instant, notre évènement est reporté en septembre. Mais c’est sûr qu’il se fera avant la fin de l’année. Je suis déterminé. Mais à long terme, on aimerait pouvoir mettre en place des débats ou des bivouacs. On aimerait devenir une maison et apporter notre aide et répondre aux questions de parents, de professionnels ou juste de personnes qui se cherchent.

FI : Y a-t-il d’autres associations qui défendent les droits des personnes LGBT à Mayotte ?

Y.S. : Il y a l’association contre le VIH, mais sinon rien du tout. La communauté est si peu représentée. On nous assimile à des sauvages, des fous. On est extravagants et alors ? Ce n’est pas un crime. C’est vraiment une perte. Nous ne faisons rien de mal.

Les établissements contactés démentent les faits

Chacun des établissements contactés par l’organisateur a, selon ses dires, différentes raisons d’avoir refusé. Un des établissements affirme n’avoir eu aucun contact avec l’association, ni avoir eu même connaissance de leur souhait d’organiser une soirée. Le second affirme que niveau organisation, cela était impossible pour eux, ayant des soirées tous les week-ends. Et le dernier soutient qu’ayant des gens qui séjournent dans leur structure, c’était un frein pour mettre en place ce type d’évènement. Ils soutiennent que ça serait beaucoup trop bruyant et que ça dérangerait les clients. Il n’y a selon eux aucun rapport avec l’image ou quoi que ce soit d’autre.

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