La journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, est l’occasion pour la Société immobilière de Mayotte (SIM) de placer les projecteurs sur Nazlah Amana, sa nouvelle Directrice administrative et financière. Inspirée par sa mère qui a su concilier études, carrière et éducation de ses enfants, celle-ci livre ses impressions sur son métier. Interview.
Flash Infos : Pouvez-vous nous brosser rapidement votre parcours professionnel qui vous a conduit à ce poste ?
Nazlah Amana : Après l’obtention de mon bac scientifique à Mayotte, je suis partie à Tours pour continuer mon parcours en biologie mais ça ne m’a pas du tout plu. Je me suis donc réorientée en gestion en effectuant un DUT Gestion des entreprises et des administrations où les matières m’ont beaucoup plus intéressées. J’ai ensuite terminé ma licence à Poitiers où j’ai ensuite suivi un master Comptabilité Contrôle Audit. En général, la suite logique de ces études est d’intégrer un cabinet comptable, un environnement formateur où j’ai travaillé pendant près de dix ans. Cette expérience m’a permis d’acquérir une grande rigueur, une capacité d’organisation accrue et une aptitude à gérer plusieurs dossiers simultanément. Accompagner des entrepreneurs et découvrir des secteurs d’activité variés a été particulièrement enrichissant.
Comme beaucoup de personnes après le Covid, j’ai remis en question mon mode de vie. Ma décision était prise, il était temps de rentrer à la maison, chez moi, à Mayotte. J’ai donc eu l’opportunité de postuler au poste de cheffe comptable à la SIM et désormais d’évoluer au poste de Directrice Administrative et Financière.
FI : En tant que femme, vous est-il arrivé de devoir relever des défis particuliers durant votre carrière ?
N.A : Honnêtement, le métier de comptable étant largement féminisé, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières en début de carrière. En revanche, évoluer vers des postes de direction représente un défi plus marqué, et je pense qu’en tant que femme nous nous mettons nous même la pression à vouloir prouver que nous sommes aussi capables que les hommes, d’occuper ces postes tout en maintenant notre équilibre familial. Toutefois, je pense que dans la société actuelle, ce n’est plus un débat.
F.I : Y a-t-il une figure féminine qui vous a inspiré dans votre parcours professionnel ?
N.A : Oui ma mère, et toutes nos mamans en général. A une époque où les opportunités professionnelles étaient plus limitées pour les femmes, elle a su concilier études, carrière et l’éducation de ses cinq enfants. Son parcours m’a toujours inspirée et m’a prouvé que tout était possible avec de la détermination et du travail.
F.I : Ǫuelle est votre vision du rôle des femmes dans le secteur de l’immobilier et de la construction, notamment à Mayotte ?
N.A : Comme dans tous les secteurs, la femme a son rôle à jouer. Avoir plus de diversité dans la manière de travailler, de réfléchir etc., selon moi, cela apporte forcément de la valeur ajoutée dans l’entreprise.
F.I : Pensez-vous que le monde de la finance et de l’administration accorde aujourd’hui plus de place aux femmes qu’auparavant ?
N.A : Oui sans aucun doute. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et nous le constatons également dans les instances de gouvernance, comme c’est le cas à CDC Habitat (la filiale immobilière de la Caisse des dépôts, Ndlr). Les femmes accèdent de plus en plus à des postes stratégiques, ce qui montre une évolution positive. On peut notamment citer la présidente du groupe CDC Habitat, Anne-Sophie Grave et Catherine Chavanier la directrice des ressources humaines du groupe et bien d’autres.
F.I : Ǫuels conseils donnerez-vous aux jeunes femmes qui aspirent à des postes de direction ?
NA: Je leur dirai de persévérer, il y a forcément des moments plus difficiles mais il ne faut rien lâcher. Un autre conseil, c’est que ça ne sert à rien de s’isoler dans cette quête. C’est un travail d’équipe. Il faut donc bien s’entourer tant au niveau familial qu’au niveau professionnel.
F.I : Selon vous, comment la Société Immobilière de Mayotte favorise-t-elle l’égalité entre les femmes et les hommes dans ses équipes ?
N.A : La SIM s’engage activement en faveur de l’égalité Homme-Femme en promouvant des femmes à des postes à responsabilité et en travaillant avec les représentants du personnel afin de mettre en place des accords qui vont en ce sens. Cette politique concrète permet d’assurer un environnement de travail plus équilibré et inclusif.
F.I : Ǫuelles initiatives pourraient être mises en place pour encourager davantage de femmes à évoluer dans des fonctions à responsabilité ?
N.A : Il y a déjà plusieurs initiatives qui existent : le travail formidable des associations, les salons d’étudiant, etc. A nous juste de prendre le temps d’y assister afin que les jeunes femmes puissent s’identifier. Cela permettra de créer des vocations, mais aussi de leur montrer que c’est tout à fait possible.
F.I : Ǫue représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes ?
Cette journée est un rappel annuel important. Effectivement le combat de défense des droits de la femme a fortement évolué dans le bon sens, mais la tâche n’est pas finie, il reste encore beaucoup à faire pour arriver à une réelle égalité avec les hommes.
F.I : Ǫuel message souhaitez-vous adresser aux femmes qui aspirent à progresser dans leur carrière malgré les obstacles ?
Il faut s’accrocher et ne rien lâcher. Rien n’est facile mais tout est possible.
Journaliste politique & économique