Les agents recenseurs arpenteront les rues et frapperont aux portes, à partir de ce jeudi 2 février. Cette troisième vague du nouveau recensement en vigueur à Mayotte concernera toute la commune de M’tsamboro et une partie des dix plus grandes communes du territoire. Assez critiquée en ce moment, l’Institut national de la statistique et des études économiques ne ménage pas ses efforts pour expliquer sa méthodologie (voir encadré).
Quand ce nouveau recensement commence ?
Il sera en route dès ce jeudi 2 février. Il va durer cinq semaines à M’tsamboro et six semaines dans les communes de plus de 10.000 habitants (Mamoudzou, Koungou, Bandrélé, Pamandzi, Labattoir, Sada,…).
Pourquoi M’tsamboro et pas une autre commune ?
Le recensement, tel qu’il est appliqué dorénavant en métropole et à Mayotte, ne ressemble plus aux grandes campagnes lancées tous les cinq ans (la dernière était en 2017). Il se compose toujours pour les communes de moins de 10.000 habitants d’un recensement exhaustif, mais qui a lieu à tour de rôle. Cette année, il s’agit de M’tsamboro. En 2022, c’était à Chiconi et Kani-Kéli. En cinq ans, les sept communes de cette taille seront ainsi visitées.
Pour les dix autres, les communes dépassant 10.000 habitants, il s’agit d’un système différent puisque le recensement se fait par échantillonnage. C’est-à-dire que les agents couvriront que certains secteurs. Pour Mamoudzou, « tous les villages sont concernés. Il s’agit de subdivisions », explique Muriel Granjon, en charge de la campagne de recrutement pour l’Insee Mayotte. 8% des logements en dur et 20% des logements en tôles sont visités dans chaque commune.
Qui sont les agents recruteurs ?
« Ce sont des volontaires, mais pas des bénévoles », précise la responsable. Recrutés par les mairies via des entretiens, ils sont une centaine par commune. Formés sur l’équivalent de deux jours, ils sont souvent connus dans les quartiers, parlent les langues locales et quadrillent le terrain les semaines précédant la campagne de récolte des données pour s’assurer que les habitations ont bien été identifiées. Il y a trois différentes manières de répondre. Il est possible de remplir par internet (via un ordinateur uniquement) au formulaire lié à l’habitation et aux fiches individuelles. La deuxième est en récupérant les papiers directement aux adresses. La troisième nécessite que les agents interrogent eux-mêmes les occupants. En métropole, la réponse se fait souvent par le site recensement et moi. A Mayotte, les difficultés liées à la langue font que le modèle de l’interview est privilégié. Nom, prénom, sexe, emploi, nationalité, taille de l’habitation et nombre d’occupants sont demandés.
La population dans les bangas est-elle comptabilisée ?
Oui, l’Insee a vocation à récolter des données sur tous les habitants, même s’ils sont sur le territoire de manière illégale. Le recensement est même adapté aux spécificités du territoire. En métropole, dans les grandes communes, seuls 8% des logements y sont recensés chaque année. A Mayotte, les agents doivent en outre recenser 20% des logements en tôle par an (soit 100% sur cinq ans). Et le taux de réponse sur le territoire est particulièrement élevé puisqu’il est de 97%. Et aucune habitation ne doit être oubliée. Un travail en amont est réalisé avec les mairies pour trouver des nouveaux logements qu’ils soient en dur ou non. « On dit même à nos agents d’aller dans la forêt si nous ne sommes pas sûrs », indique Loup Wolff, le directeur régional de l’Insee La Réunion-Mayotte.
Et si les occupants ne sont pas là ?
« Les agents font plusieurs tentatives. Et s’il n’y a personne, on fait une enquête de voisinage », raconte le directeur régional.
« Prêt à travailler avec le Département »
L’Insee estime la population mahoraise à 310.000 habitants au 1er janvier 2023. Il s’appuie sur le dernier recensement en date, les nombres de naissances et de décès, les départs de l’île et les arrivées (32.500 par an estime l’Insee). Même si l’augmentation est constatée chaque année, les chiffres concernant la population à Mayotte sont souvent critiqués. Alors qu’ils servent à l’élaboration des politiques publiques (évaluation des besoins, dotations budgétaires,…), les élus mahorais ont pris l’habitude de les remettre en cause. De son côté, l’Insee a défendu sa démarche via un article sur son blog, « À Mayotte, un recensement adapté à une population aux évolutions hors normes ». « On a entendu l’appel du Département à vouloir travailler avec nous et on est prêt à le faire », assure Loup Wolff.