L’obligation d’emploi des travailleurs handicapés pour les employeurs publics de Mayotte n’est effective que depuis le début de l’année 2022. Une nouvelle sensibilisation était ainsi proposée par Laure Ben Moussi, la directrice territoriale du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) ce mardi 15 mars dans l’amphithéâtre du collège de Kwalé auprès de plusieurs cadres de collectivités.
« Quel est le point commun entre Marilyn Monroe, Albert Einstein et Molière ? » Dans l’auditoire réuni ce mardi 15 mars au sein de l’amphithéâtre du collège de Kwalé, les spéculations vont bon train ! Réponse : le bégaiement. Stupeur dans la salle. « Vous voyez, même avec un trouble du langage, nous pouvons être en haut de l’affiche », affirme Laure Ben Moussi, la directrice territoriale du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique.
Si l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés a débuté dans le secteur privé en 2008 sur l’île aux parfums, ce n’était pas encore le cas dans le public pour des raisons réglementaires… De l’histoire ancienne depuis le 1er janvier 2022. Plus de quinze ans après la promulgation de loi du 3 mai 2006 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Moins de 1% pour l’administration territoriale de l’État
Sans surprise, le chemin à parcourir pour rentrer dans les clous est encore long puisque toute fonction publique – hospitalière, étatique ou territoriale – ayant au minimum 20 salariés à temps plein doit recenser 6% de travailleurs handicapés ou assimilés dans ses rangs… En cas de non-respect de ce quota, les employeurs publics se soumettent à une « amende » reversée au FIPHFP, qui finance des aides destinées à favoriser l’insertion. C’est le cas par exemple de l’administration territoriale de l’État qui ne compte que dix agents dans toutes ses structures présentes dans le 101ème département, ce qui représente moins de 1%. « Nous avons un effort à fournir », admet Thierry Suquet, le préfet, qui vante le double défi de l’inclusion et de l’enrichissement pour les organisations. « Le handicap est le reflet de notre société. »
Pour remédier à ce faible pourcentage, le délégué du gouvernement place tous ses espoirs sur la référente travailleur handicapé. Sa mission ? Sensibiliser les agents sur l’intérêt de déclarer un handicap. « Le diabète, une main invalide ou un mal de dos en sont un… Beaucoup de tabous et de stéréotypes sont véhiculés », précise Laure Ben Moussi, comme pour dédiaboliser la perte d’autonomie, qui arrive bien souvent sous l’effet de l’âge ou à la suite d’une maladie non professionnelle. « Cela nécessite une adaptation et une certaine agilité, mais nous avons un devoir d’exemplarité à avoir et un message d’espoir à transmettre », poursuit Thierry Suquet.
Des restrictions médicales pour 180 agents du CHM
Même son de cloche du côté du centre hospitalier de Mayotte, l’un des plus gros pourvoyeurs de la fonction publique, au même titre que le Département, avec 3.150 agents. Avec une augmentation annuelle des effectifs de l’ordre de 5% et environ 40% de contractuels en poste, la tâche ne s’annonce pas simple. « Le turnover implique 800 nouvelles arrivées chaque année », indique Matthieu Guyot, le directeur adjoint en charge des ressources humaines, qui comptabilise 180 personnes avec des restrictions médicales, dont 50-60 sont porteuses d’un handicap.
Et justement, le CHM a des idées derrière la tête. Il souhaite les reclasser et les faire intégrer l’une des huit futures équipes d’interprètes professionnels. « La traduction pose souvent des soucis dans la qualité des soins… Cela résoudrait les problèmes de la communication auxquels nous pouvons être confrontés », avoue Matthieu Guyot. À long terme, l’établissement vise la formation de 80 traducteurs. « Cette obligation nous oblige à nous structurer. Nous devons faire preuve de ténacité et de créativité », confie le DRH. Avec ce projet en cours de définition, un nouvel avenir se prépare pour ces agents en situation de handicap.