Grève SFR : les salariés de Mayotte emboîtent le pas au mouvement national

L’intersyndicale composée de la CFDT et de l’Unsa a répondu à l’appel contre le plan de départs volontaires annoncé par Altice. À Mayotte, neuf suppressions de postes sont prévues dans les 1.700 au niveau national.

Il est environ 15h30 ce jeudi, et l’incessant vacarme des embouteillages annonce déjà la fin de journée pour les travailleurs de Kawéni. Au rond point SRF, difficile d’entendre la sono qui accompagne pourtant bien la dizaine de grévistes du jour. Les voitures défilent avec une certaine indifférence devant la tonnelle et les drapeaux oranges qui ont paré la devanture de l’opérateur rouge. L’intersyndicale locale composée de la CFDT et de l’Unsa a répondu présente pour le débrayage annoncé par les instances nationales. “On a voulu se caler sur l’appel national, qui était à 11h à Paris, car il s’agit d’un PDV qui concerne l’ensemble des sociétés du groupe Altice”, explique Anrmy Bourhane, le délégué et porte-parole de la CFDT.

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PDV, pour “plan de départ volontaire”. Le groupe de télécoms présidé par Patrick Drahi et qui détient SFR a annoncé une grande restructuration, qui passe notamment par des suppressions de postes. Au total, ce sont pas moins de 2.000 emplois qui sont censés disparaître cette année, dont 1.700 départs volontaires. Et la pilule passe mal, surtout compte tenu des très bons résultats de l’entreprise, qui a “largement résisté à la crise”, rappelle le communiqué de l’intersyndicale : en 2020, le deuxième opérateur téléphonique de France a vu son chiffre d’affaires augmenter de 2,4% ! La semaine dernière, l’intersyndicale nationale (CFDT, CFTC, Unsa) a claqué la porte des négociations, arguant qu’il était “impossible de dialoguer et de négocier de façon constructive avec la direction”, notamment au sujet des suppressions de postes, mais aussi “des conditions d’emploi et de travail des milliers de salariés qui resteront”.

 

Des coupes au détriment de la qualité du service

 

Et Mayotte n’est pas épargnée : “1.700 suppressions, cela représente 20% des effectifs du groupe. Ici, nous sommes 51 salariés, et le plan prévoit 9 départs volontaires, ce qui représente aussi presque 20% des effectifs”, chiffre Anrmy Bourhane. Des coupes qui risquent d’avoir des conséquences sur les troupes restantes. “Le service après vente doit disparaître totalement, de même que le service marketing communication et 30% du service client. Mais à Mayotte, vous avez des gens qui ne parlent pas français et 70% de la clientèle qui achète du prépayé ! Ce sont des gens qui viennent en boutique, et qui ont besoin de ces services. En faisant cela, on enlève de la proximité et de la qualité”, déroule le représentant syndical.

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Si le plan de restructuration prévoit la fermeture de 400 boutiques en métropole, les points de vente du 101ème département échappent heureusement au rouleau compresseur. Pour l’instant… “Il y a le réseau Red SFR qui se développe, bientôt les gens feront tout depuis Internet, et il n’y aura plus besoin de venir en boutique.” C’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui inquiète les salariés mahorais, venus aujourd’hui des quatre coins de l’île pour répondre à l’appel des syndicats.

À plus court terme, les grévistes espèrent surtout obtenir des garanties. Et l’heure tourne ! Après la phase de consultation des instances, qui s’étale de mars à fin août, une demande de validation doit être envoyée à la Dieccte en septembre, pour des départs volontaires attendus avant la fin de l’année. “Moi par exemple, si je prends le risque de partir, je veux être sûr d’avoir les moyens de refaire ma vie”, illustre Anrmy Bourhane.

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