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Le siège du Sidevam à Dzoumogné a été recouvert de banderoles de la part des agents en grève. « Des promesses mais toujours pas de progrès », peut-on y lire.

Douze jours après le début de la grève, le conflit se poursuit au Sidevam sans perspective de sortie de crise. Un dialogue de sourd s’est installé entre la direction et le syndicat Snuter-FSU, qui porte les revendications des agents. Un service minimum de collecte des déchets est néanmoins réalisé, assure le Sidevam.

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Ce jeudi matin, une trentaine de grévistes se trouvent devant le siège. Ils souhaitent garder l’anonymat par crainte de représailles.

Devant le siège du syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam), une trentaine d’agents en grève patientent, ce jeudi 22 août, installés dans des fauteuils pliables. Une partie porte des T-shirts avec l’inscription en shimaoré « Kana Endabou Sidevam 976 » qui signifie « le Sidevam n’a pas de respect ». Une grève illimitée a débuté il y a douze jours, soutenue par le syndicat Snuter-FSU. Sur le portail du siège à Dzoumogné, des banderoles sont affichées. On peut y lire : « Des promesses mais toujours pas de progrès ». À ce jour, les négociations entre la direction et les agents de la structure qui assure la collecte et le traitement des déchets pour une bonne partie de Mayotte sont bloquées. Ceux présents attendent l’arrivée du président du syndicat, Houssamoudine Abdallah, pour échanger avec lui et exprimer leurs revendications.

« Les éboueurs, les chauffeurs, nous sommes discriminés »

Des éboueurs et chauffeurs en grève sont en colère vis-à-vis du régime indemnitaire des fonctionnaires de l’État (RIFSEEP), obligatoire depuis 2014 mais qui n’est toujours pas appliqué au Sidevam. « Les catégories A et B touchent déjà cette prime mais pas nous, les catégories C, nous sommes discriminés », déplore Saïd*, un agent. « Pourtant, c’est nous qui sommes tous les matins sur le terrain, c’est nous qui subissons la chaleur et les odeurs. » Contacté, Chanoor Cassam, le directeur général des services du Sidevam explique que cette prime n’a toujours pas été mise en place parce que « cela prend du temps compte tenu de l’histoire du Sidevam, créé à la suite de la fusion de syndicats intercommunaux » mais également du fait que « l’ancienne mandature n’a pas travaillé sur l’harmonisation de la rémunération du personnel ». Une date d’application du RIFSEEP est néanmoins prévue pour janvier 2025.

Toutefois, d’ici le début de l’année prochaine, les agents demandent une prime compensatoire. Et c’est là que le bât blesse. Les deux parties ne s’entendent pas sur le montant de la prime. Le syndicat Snuter-FSU demande au minimum une prime de 100 euros par mois sans retrait de salaire pour les jours de grève, quand la direction consent à une prime de 65 euros maximum et un décompte des jours de grève. « Quand on fait grève, on n’est pas payé, c’est le principe. D’autant qu’ici les dégâts sont considérables car les portails des sites sont bloqués, les camions et l’administratif. C’est interdit d’empêcher les agents non-grévistes de travailler », déclare Chanoor Cassam.

Des contrats reçus deux mois après leur début

Au-delà des revendications concernant les primes, les conditions de travail dans leur ensemble sont contestées. « Je travaille ici depuis 2019 et je suis toujours contractuel. Je signe des nouveaux contrats tous les six mois et je les reçois souvent deux mois après leur début », dénonce Ali*. Sur les 350 agents, 73 sont contractuels à ce jour. Les éboueurs et chauffeurs critiquent également le manque de vêtements de travail donnés par le Sidevam, mais aussi le fait de ne pas avoir la possibilité de les laver sur les sites. « On les lave chez nous mais c’est dangereux avec les microbes et nos enfants », juge un agent.

Malgré le conflit qui s’enlise, la direction se veut rassurante. « Un service minimum est assuré, des prestataires privés sont mobilisés dans les points sensibles, les axes principaux et les écoles. », décrit-t-elle. « Dans le Sud, le travail a repris, dans le centre en partie. Les déchets y sont collectés deux jours sur quatre, en Petite-Terre aussi. C’est seulement dans le Nord que ça demeure compliqué ». Les grévistes de Dzoumogné rencontrés jeudi n’entendent pas céder, ils sont déterminés à poursuivre le mouvement pour que « leurs droits soient respectés. »

*Les prénoms ont été modifiés pour respecter l’anonymat.