Le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM) a présenté, ce jeudi 26 janvier, son rapport intitulé « État de la communication visuelle à Mayotte ». L’occasion de faire l’état des lieux du paysage médiatique et audiovisuel du département.
« L’audiovisuel à Mayotte vient de très loin ! », se remémore Rastami Spélo, vice-président du Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM). « La télévision, arrivée tardivement – en 1986 – diffusait en différé des programmes qui arrivaient par avion de la Réunion sur des cassettes VHS ! ». Autour de la table, les plus jeunes ne peuvent qu’imaginer « le drap blanc tiré près du marché de Mamoudzou », sur lequel étaient alors projetées les émissions… Dans ses locaux à Cavani, le CCEEM présentait officiellement ce jeudi matin son rapport « État de la communication audiovisuelle à Mayotte », un livret d’une centaine de pages à la présentation soignée, adressé à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) – ex CSA – et au Conseil départemental de Mayotte. Élaboré pendant un an et demi, fruit de plusieurs dizaines de témoignages d’acteurs du milieu, le rapport se présente comme un état des lieux de l’audiovisuel mahorais, et un outil de conseil aux services opérationnels pour un impulser des politiques favorables à son développement.
Historiquement, télé et radio sont des « vecteurs de cohésion sociale » à Mayotte. « Quand la radio venait au village, personne n’allait au champ, c’était l’événement ! », raconte Rastami Spélo. Le numérique rebat les cartes. A l’heure des réseaux – dits – sociaux, les Mahorais n’ont jamais été aussi déconnectés de leurs médias, constate le CCEEM. « Est-ce que je me vois à la télé ? C’est la question ! », lance le vice-président. « Alors oui, pendant le ramadan, on voit du debaa, du chigoma à la télé… mais on n’en parle pas vraiment en profondeur. […] Il va falloir revoir la façon de montrer notre culture ! » En écho à ces mots, le rapport préconise par exemple de « lutter contre [la] folklorisation de la culture mahoraise » et de « proposer à la réflexion de la population […] des créations et débats sur les ressorts de la culture et de l’identité mahoraise ».
Développer la production locale
Pour cela, il s’agira notamment de stimuler le « tissu de production audiovisuelle indépendant de l’île », pour l’heure « très faible ». « A la Réunion, on a toute une politique : on attire les réalisateurs extérieurs en mettant à leur disposition du matériel de pointe, et on forme des talents locaux », compare Bacar Achiraf, également vice-président du CCEEM et premier représentant du Comité territorial de l’audiovisuel (CTA) Mayotte/Réunion de 1998 à 2018.
« L’idée du rapport, c’est ça ! On apporte le débat sur la table, pour que les acteurs s’approprient les problématiques. » Distribué depuis fin novembre, et remonté aux oreilles du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), le rapport a permis le déblocage de plusieurs dizaines de milliers d’euros de subventions pour certaines radios associatives de l’île – telles que Chiconi FM, Dziani FM ou encore RMV, rapporte ainsi Permale Coumarene, le président de la Fédération des radios associatives de Mayotte (Fram).