L’enquête de recensement à Mayotte commence ce jeudi 4 février pour une publication des premières populations légales en décembre 2025. Au total, 40% des logements en dur et 100% en tôle des villes de plus de 10.000 habitants ou plus auront été recensés ainsi que tous les foyers des «petites communes». Pas moins de 100 agents recenseurs seront mobilisés dans un contexte sanitaire qui ne facilite pas leur tâche. Mais ce travail d’orfèvre doit permettre de définir les futures politiques publiques nationales et locales qui colleront au plus près de la réalité du terrain.
Top départ pour le lancement de la première enquête annuelle de recensement à Mayotte. Finies les publications officielles tous les 5 ans et les polémiques de comptoir sur le soi-disant nombre sous-évalué d’habitants dans le 101ème département. «C’est une étape de plus franchie depuis la départementalisation», se réjouit Aurélien Daubaire, responsable interregional océan Indien de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee), venu spécialement de La Réunion pour présenter en personne le nouveau dispositif qui existe en métropole depuis le début des années 2000. Mais surtout, c’est un pas de plus vers «le droit commun», comme le souligne Madi Madi Souf, le président de l’association des maires.
À partir de ce jeudi 4 février, pas moins de 100 agents recenseurs se déploient dans toutes les communes de plus de 10.000 habitants (Bandraboua, Bandrélé, Dembéni, Dzaoudzi, Koungou, Mamoudzou, Ouangani, Pamandzi, Sada et Tsingoni) pour recenser 8% des logements en dur et 20% en tôle d’ici le 13 mars prochain, soit environ 150 habitations chacun. Une course contre la montre qui doit se répéter sur les 5 prochaines années pour atteindre 40% pour les premiers foyers et 100% pour les seconds. Pour les «petites communes» comme on dit dans le jargon, soit celles de moins de 10.000 âmes, la donne est sensiblement différente puisqu’elle se base sur «l’ancienne méthode», confie Bertrand Aumand, le nouveau chef du service régional de Mayotte. En d’autres termes, il s’agit d’une opération unique. M’Tsangamouji ouvre le bal en 2021, suivie de Chiconi et Kani-Kéli en 2022, M’Tsamboro en 2023, Acoua et Chirongui en 2024 et Bouéni en 2025. Le chiffre tant attendu qui sera publié en décembre de cette dernière année-là correspondra à la population de 2023, «l’année médiane de l’intervalle de 5 ans».
Le recensement sur Internet : une nouveauté
«Une enquête préparée de longue haleine» selon les mots Muriel Granjon, responsable du recensement de la population sur l’île aux parfums. Enquête qui se déroule selon plusieurs caractéristiques en raison de la crise sanitaire. «Les superviseurs Insee et les coordonnateurs communaux n’auront de cesse de rappeler les mesures de prévention aux agents», insiste-t-elle. À l’instar du port du masque et du lavage des mains au gel hydroalcoolique. Autre consigne stricte : ne pas rentrer dans l’habitation lorsque le questionnaire (la feuille de logement et le bulletin individuel) est rempli sur papier, ce qui nécessite un deuxième rendez-vous pour le récupérer. Un seul mot d’ordre prime, à savoir «privilégier la réception en plein air». «Cette année, on a mis en place la collecte par Internet (en métropole, une réponse sur deux se réalise de cette manière, ndlr.) pour éviter le contact, c’était inenvisageable en 2017. Une notice avec code d’accès est déposée dans la boîte aux lettres des habitants.» Seul bémol ? Les réponses ne peuvent être complétées actuellement que sur ordinateur, en attendant le développement sur Smartphone.
Quid alors de la possible évolution des confinements localisés ? «La santé doit primer», martèle Aurélien Daubaire. Conséquence : il est prévu que la date de fin du recensement soit suspendue pour les communes qui seraient placées sous cloche d’ici le mois prochain. Avant de rappeler que si le recensement est obligatoire, la clé de voûte de celui-ci repose sur «la confidentialité et la confiance». Et d’ailleurs, les Mahorais le lui rendent bien puisque le 101ème département a le meilleur taux de réponse de France (97.6%). «L’énorme taux de sondage donne un résultat fiable», ajoute-t-il. Et réduit ainsi la marge d’erreur. «Ce n’est pas possible qu’on ait 400.000 habitants sur le territoire, sinon on serait passé à côté de 150.000 personnes. C’est inimaginable, il faut se fier aux chiffres de l’Insee», martèle Bertand Aumand, pour riposter face aux contre-vérités qui circulent continuellement sur les réseaux sociaux.
L’engagement de la population à l’égard de ce recensement est d’autant plus important qu’il permet de définir les politiques publiques nationales, d’établir la contribution de l’État au budget des communes (dotation globale de fonctionnement) mais aussi de décider des équipements collectifs et des programmes de rénovation, comme les crèches, les collèges, les théâtres ou encore l’ouverture de nouveaux commerces, à l’instar des pharmacies, et de construire de nouveaux logements. «Les communes ont tout intérêt à n’oublier personne, c’est un investissement pour l’avenir», conclut le chef du service régional de Mayotte, qui prenait part ce jour à sa première intervention publique depuis sa prise de fonction, en remplacement de Jamel Mekkaoui.