Décasage : Laika et sa famille à l’épreuve de la rue

À Bandrélé, la préfecture poursuit son objectif de résorption de l’habitat indigne au sein du 101ème département français. Conformément à la loi Elan, les bidonvilles et autres cases en tôles du lieu-dit Mgnambani, dans la commune de Bandrélé, ont été réduites à néant ce lundi 30 mai. Une opération qui laisse encore une fois des femmes et des hommes sur le bord de la route…

Il est 6h ce lundi matin lorsque Laika, 13 ans, se réveille. Pas de douce mélodie pour tirer la jeune fille des bras de morphée. Sur le perron de sa case en tôle, des hommes en uniforme lui demandent de ne prendre que le strict nécessaire et de quitter les lieux. Derrière eux, des camions et engins de chantier font vrombir leurs moteurs prêts à débuter le “décasage”.

“C’est la première fois qu’on vient détruire notre maison”, affirme Oijida la sœur cadette, assise au bord de la Nationale 3. Après plus de deux heures de démolition, plus rien ne subsiste des habitats illégaux. Partout, du bois et des tôles se massent en tas informes avant de rejoindre les bennes des camions qui les conduiront à la déchèterie. Alors que le second appel à la prière de la journée retentit, difficile de croire que sans eau, ni électricité, des dizaines de famille vivaient ici à flanc de colline.

Un accès à l’éducation compromis

À l’ombre d’un arrêt de transport en commun, Laika accompagnée de ses six frères et sœurs déplorent ne pas avoir pu se rendre à l’école aujourd’hui. “Ce matin le bus n’est pas passé”, confie la collégienne. Tous nés à Mayotte, les enfants ont toujours été scolarisés dans la commune de Bandrélé. “J’essaie de bien travailler. On ne veut pas tomber dans la délinquance”, lance Oijida, du haut de ses dix ans.

Non loin de là, à l’ombre d’un arbre, leur maman reste sans voix face à ce spectacle. “On m’a expliqué que je ne pouvais pas rester là. Je ne reviendrai plus, mais les logements que l’on me propose sont dans le Nord de l’île, je n’ai pas les moyens de payer le taxi à mes enfants pour qu’ils se rendent en cours”, déplore la mère de famille.

“Ça nous fait peur de dormir dehors, mais on n’a pas le choix.”

“Je ne sais pas où nous allons aller ce soir”, se désole Ranilati, son cadet dans les bras. Toujours sans solution, son inquiétude croît à mesure que le soleil poursuit sa course. Son seul espoir ? Un téléphone à clavier qu’elle ne quitte pas des mains. Et lorsqu’on lui demande si un membre de sa famille peut l’héberger, sa réponse est sans appel. “Ma famille ? Elle est ici”, sourit la maman en montrant sa progéniture. Des bambins qu’un sentiment d’impuissance vient également gagner. “Ça nous fait peur de dormir dehors, mais on n’a pas le choix”, conclut froidement Laika.

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