Deux semaines après le passage du cyclone Chido, les habitants du nord de Mayotte se sentent abandonnés par l’État. Bien que des aides alimentaires arrivent progressivement dans la commune, les habitants espèrent encore obtenir davantage de soutien. Ils l’ont d’ailleurs rappelé lors de la venue de Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, mardi 31 décembre.
« Pourquoi sommes-nous toujours les derniers à recevoir de l’aide ? », s’impatiente un habitant de la commune d’Acoua, l’une des plus touchées par la catastrophe naturelle du samedi 14 décembre. Plus de deux semaines après le passage du cyclone, la situation reste préoccupante dans les deux villages, Acoua et M’tsangadoua. L’eau est rationnée, avec un tour d’eau réduit, l’électricité est sporadique et les réseaux de communication sont défaillants.
Un sentiment d’abandon
À M’tsangadoua, c’est au sein de l’école élémentaire que l’aide alimentaire est distribuée, ce mardi 31 décembre. Un pack de bouteilles d’eau et de la nourriture pour bébé peuvent être obtenus sur présentation d’une pièce d’identité. « Nous nous sommes servis de la précédente crise de l’eau pour fournir ces bouteilles », explique un agent municipal. La distribution d’eau est organisée par Maoudjoudi Hamidi, responsable du service technique de la commune. Il témoigne : « lors de la distribution d’eau, j’ai été témoin de scènes que je n’aurais jamais imaginées. C’était comme à Gaza : des enfants tendent la main non seulement pour de la nourriture, mais aussi pour de l’eau. Les gens se battaient presque pour en avoir. Les puits ont été pris d’assaut. Heureusement, nous avons une rivière ».
Tous les agents de la commune d’Acoua sont mobilisés pour faire face aux conséquences du cyclone, même si un sentiment d’abandon émane du directeur du service technique. « Nous avons d’abord dégagé les voies, la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) est arrivée, mais vraiment trop tard, au quatrième jour. C’est déplorable », raconte le cadre communal. Un sentiment largement partagé par les habitants. « Nous recevons des aides, mais elles sont insuffisantes. Nous n’avons pas besoin de paroles, mais d’actes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’eau, de nourriture et d’électricité », se désole un habitant, surnommé « Monsieur Web ».
« Une des situations les plus difficiles »
Devant l’hôtel de ville, le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, a reconnu : « la situation de cette commune est l’une des plus difficiles de Mayotte ». Face à ses mots, Soulaimana exprime sa déception : « on sait que depuis le cyclone, il y a des personnes nourries et logées, mais il y a des personnes vulnérables à domicile qu’on a complètement oubliées, mises de côté ». Les problématiques sont multiples. Après le cyclone, d’autres habitants évoquent également les ordures ménagères laissées sur le bord des routes.
Maoudjoudi Hamidi souhaite, quant à lui, prioriser l’éducation. « Pour développer un territoire, on a besoin d’éducation. Ce que j’attends de l’État, c’est un plan d’urgence pour les écoles. Il faut que les chantiers commencent tout de suite. »
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.