Sans eau, sans électricité pour une bonne partie et même largement sans réseau téléphonique, Mayotte continue de vivre des jours compliqués depuis le passage du cyclone Chido, samedi matin. Ce lundi, à Kawéni, c’est l’urgence de refaire son toit, trouver du carburant, à manger ou à boire qui domine.
« On se demande ce que fait l’Etat, ce que font les mairies », désespère Marie, enseignante au lycée des Lumières, alors que plusieurs ministres étaient au même moment sur le sol mahorais pour constater les dégâts du cyclone Chido (les médias mahorais n’étaient pas invités à couvrir ce déplacement). Ce lundi, dans le lycée devenu centre d’hébergement d’urgence, elle tente de joindre par téléphone la cellule de crise en métropole, qui la renvoie finalement vers la mairie de Mamoudzou et son répondeur. 2.000 personnes vivent là et y ont trouvé refuge, même tardivement. « On est arrivés vers 13h(N.D.L.R. le cyclone au stade « tropical intense » a frappé Mayotte dans la matinée). Notre maison est toute détruite, il ne reste rien, on n’a plus de papiers », raconte Rouaidat Attoumane, une mère de famille comorienne de six enfants, qui vit dans le quartier informel qui domine l’établissement scolaire. Dans leur fuite, son mari s’est blessé au pied et a dû être emmené à l’hôpital. Également dans ce centre, Mounaiyati Abdou montre dans quelle salle de classe, elle s’est installée avec sa famille. L’adolescente de 17 ans aussi vit dans le quartier juste au-dessus et qui ne ressemble plus qu’à un amas de tôles sur la colline. Plusieurs hommes sont en train de remonter des cases à la hâte. Ce n’est pas le cas pour sa famille. « On n’est que de filles », dit celle qui est scolarisée au lycée Younoussa-Bamana, un autre établissement de Mamoudzou. Elle et sa mère avaient entendu, à la radio, la veille du cyclone, qu’elle pouvait se rendre dans ce centre où on trouve pratiquement que des femmes et des enfants, ce lundi après-midi. Pas de traces d’agents municipaux. Aucune eau ni aucune nourriture n’ont été distribuées depuis la veille.
Pas d’essence
Plus loin, Kamal Nadhoim plante des clous dans la charpente d’une future case en tôles. Habitant de Lazerevouni, un autre quartier de Kaweni, il est venu aider sa cousine et sa famille, puisque sa maison a tenu, contrairement à l’ensemble des cases en tôles du plus grand village de Mayotte. Ce Grand-Comorien de 36 ans se dit incapable « de savoir où dormir ou trouver de la nourriture ». Sur les décès dans Kaweni, il dit en connaître trois, dont un mécanicien de ce quartier.
Autre scène de galère vue sur la route nationale 1, des centaines de personnes attendent désespérément à la station-service de Kawéni. Il y a quelques minutes, une distribution a eu lieu, mais elle n’a pas duré très longtemps. Au grand dam de Wamze, un habitant de Bouéni de 51 ans. Celui-ci a fait deux heures et quarante minutes de route depuis son village à l’autre bout de Grande-Terre. « J’espérais avoir de l’essence. On a des denrées alimentaires qui sont en train de pourir. Je suis là depuis 10h. Total est là à nous dire qu’ils sont en train de réparer. Finalement, il y a que les forces de l’ordre qui sont arrivées et qui ont pu se servir. Pourtant, on ne les a pas vu après le cyclone », se désole-t-il, bidon à la main.
Cette fois-ci, il repart bredouille, mais il est prêt à retenter demain. « On n’a plus le choix. »
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.