Comment une ONG américaine et des restaurateurs locaux s’associent pour distribuer des repas

Arrivée il y a dix jours sur le territoire, l’ONG américaine World Central Kitchen s’appuie sur les restaurateurs locaux sur l’ensemble de l’île pour préparer des repas et la distribuer aux publics les plus démunis. Reportage à Combani.

Ce sont six-cent plats de maraconis qui sont chargés dans le camion, ce vendredi midi. Direction le bidonville de Marakania à Tsingoni pour une distribution. Depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, des associations et des restaurateurs de Tsingoni se sont associés pour fournir des repas aux personnes les plus précaires. Ils sont accompagnés par l’association World Central Kitchen (WCK), une ONG américaine qui fournit des repas aux populations touchées par des catastrophes naturelles. « Sur place, nous travaillons avec des restaurateurs et des associations », explique Elizabeth Caselli-Mechael, la chargée de communication. « Travailler avec des restaurateurs locaux offre plusieurs avantages, ils ont déjà l’équipement pour cuisiner, ils connaissent les communautés, ce qui permet d’être plus efficaces sur le terrain. »
Vingt-cinq salariés de l’ONG sont arrivés à Mayotte, il y a une dizaine de jours. « Notre rôle est d’identifier les acteurs qui connaissent bien les besoins de la population, ensuite, de trouver des restaurants qui peuvent cuisiner et de coordonner les acteurs entre eux », détaille Delphine Bedu, chargée de ces missions au sein de l’ONG. L’enjeu est de développer cela sur toute l’île, pour le permettre, WCK a recruté quarante bénévoles sur l’ensemble du territoire.

Se lever à 4h du matin

A Combani, avant l’arrivée de WCK à Mayotte, l’aide était déjà structurée. Dès le lendemain du cyclone, l’association Régie de territoire de Tsingoni (RTT), qui travaille à l’origine pour faciliter l’accès aux droits et à la défense de l’environnement, s’est mobilisée. « Le lendemain de Chido, nous sommes allés dans les coopératives, les magasins pour récupérer les stocks qui allaient se perdre », relate Fabrice Nicol, le directeur. Seize tonnes de lait caillé ont été sauvées, huit tonnes de mabawas et plusieurs tonnes de maquereaux.
En parallèle, l’association a trouvé trois restaurants avec qui coopérer. Le restaurant Nissionandza (« J’ai faim » en shimaore) est l’un d’entre eux. Depuis une semaine, la cheffe Raoudhoiti Matelo se lève à quatre heures du matin pour cuisiner 1.250 repas, ensuite distribués dans les quartiers informels de la commune, où la population est la plus précaire et touchée par le cyclone. « Je suis contente de faire plaisir aux gens, voir le sourire d’un gamin quand on lui donne un dessert », se réjouit la restauratrice.
Avant de récupérer les repas, une équipe est allée dans le bidonville Marakania donner des tickets à la population présente, 800 personnes en ont reçus. Ce système a été mis en place pour éviter de créer des attroupements causés par la faim. Seules les personnes qui disposent d’un ticket peuvent venir chercher des repas.
Sur la commune de Tsingoni, les acteurs locaux se sont coordonnés et offrent 3.000 repas par jour. Mais World central Kitchen rencontre plus de difficultés dans d’autres parties de l’île, en particulier dans le nord de Grande-Terre où l’aide met beaucoup de temps à être acheminée. « Nous n’avons pas encore de restaurants dans tous les villages, nous travaillons avec le Coco beach à Hamjago pour y faire des distributions », souligne Delphine Bedu. L’équipe de WCK coordonnait des distributions au sein des centres d’hébergement d’urgence en particulier à Mamoudzou, mais depuis leur fermeture le 31 décembre, il est plus compliqué de toucher autant d’habitants avec les distributions. « Pour cela, nous échangeons avec des mosquées et des associations pour savoir si nous pouvons passer par leur biais. » Une cuisine centrale sera aussi installée prochainement à la MJC de M’gombani à Mamoudzou pour pouvoir préparer davantage de repas. Aujourd’hui, 13.000 par jour sont distribués dans l’ensemble de Mayotte.
Pour l’instant, l’ONG n’a pas de date de départ. Avant de quitter un lieu qui a subi une catastrophe naturelle, plusieurs critères sont analysés par les équipes, ils regardent entre autres si l’eau et le courant sont revenus, mais également si les habitants peuvent cuisiner eux-mêmes chez eux.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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