Alors que le dénouement de l’élection présidentielle approche à Madagascar, Youssouf Thany, président de la fédération des associations malgaches, revient sur le projet de « Maison de Coopération » pour une meilleure représentation des ressortissants à Mayotte et regrette l’image renvoyé par le pays au cours du scrutin dont les résultats définitifs tomberont le lundi 4 décembre.
Flash Infos : Quel est l’historique de la fédération et son rôle ?
Youssouf Thany : Notre activité a démarré en 2014. Bien avant, il y avait une sorte de plateforme réunissant toutes les associations malgaches. L’idée était d’en faire une seule association, une fédération, et d’avoir un organisme moral qui représente la communauté malgache. C’est ce qui s’est passé. J’ai eu la chance d’être nommé président à l’époque. Aujourd’hui, je souhaite céder ma place. Cette fédération est d’abord un espace commun où l’on se rencontre et où l’on réalise des activités inter-associatives. Certains membres organisent leurs propres événements, comme l’association des ressortissants de Majunga. Nous avons aussi des activités communes, comme pendant la fête nationale (N.D.L.R. le 26 juin). On propose également des actions humanitaires. En 2022, on a notamment aidé la population malgache qui a souffert du kéré.
F.I. : Où en est le projet d’une Maison de la coopération censée faire office de consulat à Mayotte ?
Y.T. : Depuis quelques temps, on me dit qu’un appel d’offres a été renouvelé pour qu’un agent de Mayotte soit en poste à l’ambassade de France à Madagascar, au sein du bureau de la coopération décentralisée. C’est cet agent qui doit mettre en place une Maison de la coopération à Mayotte, mais cela n’est pas encore finalisé. L’idée est simplement d’avoir une représentation du gouvernement. Auparavant, on pensait qu’installer un consulat avec pignon sur rue était impossible étant donné les problèmes diplomatiques entre Madagascar et Mayotte. Mais Madagascar soutient Mayotte, sans le faire ouvertement. Le pays cherche surtout l’aide des Comores pour récupérer les îles Éparses. Aujourd’hui, ce qu’on nous propose, c’est de faire une « Maison de Madagascar » au sein de laquelle une personne serait en charge des affaires courantes, notamment récupérer un extrait de naissance, organiser le vote pour la présidentielle… Il faudrait que cette personne soit nommée par l’Ambassade de France.
F.I. : Le 4 décembre, la Haute cour constitutionnelle devrait confirmer la réélection d’Andry Rajoelina à la présidence du pays. Comment avez-vous vécu cette campagne présidentielle ?
F.I. : Comme tous les Malgaches, nous sommes vraiment attristés. On parle de Madagascar comme un pays sujet à des démêlés. On a voté, mais beaucoup ne reconnaissent pas le président qui est là. Ce n’est pas à nous de déterminer si l’élection s’est déroulée dans les règles, mais le fait que le pays ne soit pas stable nous gêne. Ça freine tout investissement étranger nécessaire pour que le pays avance. Le collectif des candidats dit qu’il y a eu des magouilles et qu’il ne reconnaît pas ce vote…
F.I. : Craignez-vous des émeutes une fois que les résultats seront annoncés ?
F.I. : Je ne pense pas qu’il y aura des dérapages. Les événements se passent uniquement à Antananarivo. Peut-être qu’il y aura des échauffourées à Tana, mais cela ne touchera pas les Provinces, qui sont presque toutes acquises à la cause d’Andry Rajoelina. Je pense que c’est toujours le nombre qui l’emporte. Mais bon, après ce vote, si la victoire d’Andry Rajoelina est confirmée, certains vont crier.
F.I. : Avez-vous senti que la diaspora était sensible à cette élection et ses enjeux ?
F.I. : Le problème qu’il y a, c’est la guéguerre entre les personnes qui vivent sur les côtes et celles qui viennent des Hauts-Plateaux. C’est d’ailleurs pour ce motif que l’association qui représente les ressortissants d’Antananarivo a quitté la fédération.