C’est l’heure de rendre les copies pour le recensement 2024

Décalée en raison du mouvement social, la campagne de recensement menée conjointement par les municipalités et l’Insee s’achève. Cette année a été particulière sur le terrain. A Dzaoudzi-Labattoir par exemple, il n’y a pas eu de barrages, mais un taux d’absence longue durée plus élevé que la normale.

Combien on sera dans deux ans ? C’est à cette question que l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) tente de répondre en menant des campagnes de recensement, tous les ans dorénavant (voir encadré). Un travail particulièrement attendu auquel participent les communes mahoraises et dont la partie 2024 vient de s’achever. A Dzaoudzi-Labattoir, les agents recenseurs ont rendu les derniers bulletins, le samedi 16 mars, après cinq semaines sur le terrain. Ce vendredi matin, Muriel Granjon fait le point avec Nafion Radjabou, le coordinateur communal de Dzaoudzi-Labattoir. La responsable du recensement mahorais de l’Insee La Réunion-Mayotte vérifie si le travail a été bien réalisé. Ce n’est pas elle qui rentre directement les données, tout se fait par logiciel. Cependant, elle n’a pas trop d’inquiétudes. Le coordinateur communal a l’habitude, il fait ça depuis plusieurs années.

Celui qui est agent administrateur au service CNI/Passeport le reste de l’année a même développé quelques techniques pour rendre le travail des agents. « Je vais faire une reconnaissance avec les agents pour qu’ils ne sortent pas de leur îlot », explique-t-il.  Chaque agent a, en effet, son « îlot » d’environ 150 logements à visiter. Il y a même des objectifs fixés par l’Insee. « On nous demande d’être à 25% à la fin de la première semaine, 50% la semaine, 75% celle d’après », fait remarquer le coordinateur. A Mayotte, la difficulté du recensement ne tient pas aux réticences (le taux de réponses y est très élevé), mais à « la mobilité » des quartiers. Près du camp militaire par exemple, des cases en tôle sont apparues dans le quartier entre la zone cartographiée il y a plusieurs mois et le travail récent de l’agent recenseur. Peu importe les nouveaux, l’enquête doit intégrer tous les logements en tôle d’un îlot.  Parmi les occupants, on retrouve ceux qui ont dû quitter les logements derrière la station-service de Petite-Terre, le long de la route nationale 4.

Des conséquences du mouvement social

En Petite-Terre, le mouvement social n’a pas entraîné de barrages, hormis le blocage des barges. Toutefois, pendant la période du recensement, les agents ont vu des conséquences dans leur travail. « Il y a eu plus d’absences longue durée que d’habitude », note Muriel Granjon, à propos de personnes qui ont préféré quitter temporairement le territoire, en attendant que le mouvement prenne fin. Dans ce cas, ce sont les voisins qui sont parfois amenés à répondre à la place des occupants, notamment sur le nombre de personnes dans le foyer. A Koungou, ce sont les violences entre bandes qui ont perturbé la collecte au mois de janvier, alors que les bandes de la commune se sont maintes fois affrontées. Des agents recenseurs ont fait part de menaces, décalant ainsi la période du recensement pour qu’il ait lieu au cours d’une semaine plus calme. Il faut dire que les agents recenseurs sont parfois confondus avec les enquêteurs sociaux mandatés pour proposer du relogement en amont de décasage. A Dzaoudzi-Labattoir, on a donc adopté un polo rouge facilement identifiable pour la population.

Et quand le recensement prend du retard dans un quartier, « les agents y vont à plusieurs pour leur sécurité et aller plus vite », explique le coordinateur communal à Dzaoudzi-Labattoir, qui clôt ici la campagne 2024.

Pourquoi on doit attendre le 1er janvier 2026 ?

Souvent décrié, le recensement de la population à Mayotte a adopté la méthodologie de l’Insee utilisée en métropole en 2021 (avec quelques spécificités toutefois pour compter davantage l’habitat informel)). Il ne s’agit plus d’un recensement exhaustif comme le dernier de 2017 (256.518 habitants au mois de septembre 2017), mais par échantillonnage. Ainsi, chaque année, le décompte se fait par des îlots délimités dans toutes les communes de plus de 10.000 habitants (8% des logements en dur, 20% des logements en tôles). Les autres ont le droit à l’ancien système avec un recensement de toute la population tous les cinq ans, mais à raison d’une ou deux municipalités par an. Chirongui par exemple, dont la population était estimée à 8.920 en 2017, était visée cette année. L’an prochain, ce sera au tour de Bouéni, Chiconi et Acoua (initialement prévu en 2024) de connaître un ratissage au complet.

Ensuite, la compilation des données des campagnes effectuées entre 2021 et 2025 permettra de connaître la population complète des toutes les communes de moins de 10.000 habitants et une bonne partie de celle des communes plus importantes (40% des logements en dur, 100% des logements en tôles). D’où la date retenue du 1er janvier 2026 pour connaître la population de Mayotte. A partir de là, la poursuite des campagnes chaque année entraînera un affinage régulier des estimations, contrairement à l’ancienne méthode qui laissait « un blanc » pendant cinq ans (obligeant l’Insee a estimé les entrées et les sorties du territoire, en prenant en compte aussi les naissances et les décès).

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