Depuis plusieurs mois, huit Mahorais(e)s suivent une formation de steward dans le yachting. Ce projet, réalisé à l’initiative de Pôle emploi et du conseil départemental de Mayotte, est une grande première pour le territoire. Après deux mois de formation à la faculté des métiers de Cannes, le cursus arrive à son terme pour les formés à l’hôtellerie de luxe et au secteur du yachting. L’occasion de faire un point sur ce projet avec Stéphane Gouy, référent maritime secteur économie bleue à Pôle emploi.
Flash Infos : La session de formation de stewards et stewardesses du yachting arrive à son terme, quel était le projet et où en sommes-nous ?
Stéphane Gouy : Le projet a démarré il y a un peu plus d’un an et demi. A la sortie de la crise Covid, beaucoup de personnes ont quitté le secteur du yachting, il y a donc eu une importante pénurie de main d’œuvre. Nous avons travaillé sur ce projet pour donner suite aux importants besoins de recrutement. C’était un projet très ambitieux, car le secteur du yachting est un secteur de luxe. A Mayotte, nous n’avons pas de yacht, mais nous avons des personnes très motivées. Je croyais en les candidats que nous avions localement à Mayotte pour intégrer cette formation. Dans un premier temps, nous avons échangé avec le conseil départemental de Mayotte et Ladom (L’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité), pour lancer une première action, un premier jet de formation pour répondre à deux objectifs : le premier de donner l’occasion à des personnes motivées d’exercer dans le secteur du yachting et le second de permettre à Mayotte de se positionner sur ce marché d’hyper-luxe, mais aussi de faire exister l’île comme un réservoir potentiel de compétences.
L’objectif pour les stagiaires est de trouver un emploi en métropole. Nous avons donc bâti tout un programme, pour permettre aux Mahorais d’obtenir une expérience dans l’hôtellerie, de savoir nager et de parler anglais. La formation s’est déroulée avec une immersion au Kenya dans un hôtel de luxe pendant plus d’un mois, d’une immersion de quinze jours à l’école maritime de Mayotte et de tests de natation avec la validation du 50 mètres nage-libre. A la suite, sept stagiaires sont partis en métropole à Cannes, pour suivre une formation certifiante.
F.I. : Quel a été l’objectif de cette formation certifiante à Cannes et son programme ?
S.G. : Les sept stagiaires ont passé deux mois à la faculté des métiers hôteliers de Cannes pour obtenir un certificat de qualification professionnel (CQP) hôtelier « personnel de bord », validé par la Fédération des industries nautiques et reconnu par les professionnels du secteur. C’est la première fois que Mayotte est représentée dans ce cursus. Ce CQP a pour but de former des personnes totalement autonomes sur un bateau. Au cours de la formation, des stages ont eu lieu chez un loueur de bateau de luxe pour aborder la partie entretien. Par la suite, un autre a eu lieu sur différents bateaux allant de 24 à 50 mètres. Chacun a pu réaliser un stage embarqué de huit jours.
Concrètement, pendant les deux mois de formation, les stagiaires ont appris la fleuristerie, la mise en place de table, le service en restauration et au bar, la cuisine, l’entretien, le repassage, le nettoyage et entretien des chambres. Tous les aspects que l’on peut apprendre au même titre que pour exercer dans un hôtel cinq étoiles. A la fin du CQP, les stagiaires ont passé plusieurs épreuves, écrites et orales, dont une soutenance de stage, le tout face à un jury de haut niveau réunissant des gouvernantes d’hôtel cinq étoiles, de capitaines de yacht ou encore de responsables de société. Les résultats ne sont pas encore donnés, ils le seront sous quelques jours.
F.I. : Avez-vous un petit mot sur les stagiaires ?
S.G. : Les stagiaires ont été formidables, car il y a plusieurs choses qui ne se sont pas passées comme sur le plan. Ils ont été là. Je peux dire que ça a été des guerriers et ils ont répondu présent du début à la fin. Les stagiaires ont également donné une très belle image d’eux et de Mayotte lors de leurs stages. Ils ont pu réellement se former à l’hôtellerie haut de gamme et embarquée.
A titre d’exemple, l’une de nos stagiaires de 18 ans du nord de Mayotte, a été embauchée sur un yacht de 33 mètres pour la saison qui débute. En termes de résultats, on est à quatre voire cinq personnes qui seront au travail d’ici à la fin du mois de mars, sachant que la saison débute fin-mars dans le yachting. Malheureusement, il y a deux personnes qui n’ont pas réussi la visite médicale spécifique à ce secteur. Mais au niveau des résultats, nous avons un objectif largement atteint.
F.I. : Quels sont les retours que pourriez-vous faire sur cette première formation ?
S.G. : Cette première formation a été marquée par un réel engagement des stagiaires et par un vrai travail partenarial, avec le Pôle emploi Paca, mais aussi avec le conseil départemental de Mayotte et Ladom, et plus généralement au réseau Pôle Emploi. Un premier bilan va être réalisé et pour la suite, l’idée est de reconduire cette formation, mais d’ajouter un stage afin de réaliser l’orientation du stagiaire soit dans le yachting, dans la cuisine, dans le service ou employé d’étages dans l’hôtellerie. Pour cette première, nous éprouvons une immense fierté d’avoir pu réaliser ce projet, avec seulement quatre mois de formation. Mayotte existe aujourd’hui dans le domaine de yachting en métropole. Cela a permis de créer une vitrine et peut permettre de développer de nouveaux projets.