Des coups échangés entre un détenu et un surveillant de la prison de Majicavo, vendredi 14 janvier, ont conduit le parquet de Mamoudzou à ouvrir une enquête contre le deuxième. Une dispute alors que le prisonnier devait être remis dans sa cellule serait à l’origine de l’incident.
La scène s’est produite au cours d’une remontée de promenade, vendredi dernier. Pour ramener un détenu dans les locaux, celui-ci doit présenter son badge. Ce qu’il n’avait pas sur lui. Les surveillants l’ont alors informé qu’ils le conduiraient dans sa cellule en attendant de remettre la main sur sa carte. Furieux, le prisonnier a commencé à se rebeller. Un coup de poing aurait été donné alors à un surveillant. Une bagarre aurait suivi, tandis que d’autres agents seraient intervenus pour maîtriser le détenu.
Une personne calme voire « effacée »
Âgé d’une trentaine d’années, le surveillant, qui aurait échangé des coups avec le détenu, sera peut-être amené à répondre de ses actes. Le procureur du tribunal de Mamoudzou, Yann Le Bris, confirme « qu’une enquête est ouverte », une procédure rare pour la prison de Majicavo. Elle permettra de « savoir la vérité sur les éléments donnés par le détenu », continue le magistrat. D’ailleurs, cette enquête est faite afin de « pouvoir répondre à une plainte d’un détenu ». Plainte qui n’aurait pas été déposée selon nos informations.
De son côté, l’agent pénitentiaire s’est vu attribuer un arrêt pour accident de travail, étant lui aussi la cible de coups. Par ses collègues, il est connu comme une personne calme, voire « effacée ». La décision qui pourrait être prise à son encontre sera scrutée de près par les syndicats. Didier Hoarau, directeur de la maison d’arrêt de Majicavo-Koropa, n’a pu répondre à nos sollicitations, ce mercredi.
Une grève des surveillants ce mercredi
Toujours à la prison de Majicavo, des surveillants ont organisé un débrayage, ce mercredi matin. De 7h à 8h, ils ont refusé de prendre leur poste pour demander un changement de leurs droits sociaux, notamment vis-à-vis du centre d’intérêts matériels et moraux (CIMM), un dispositif réservé aux fonctionnaires ultramarins. Une disparité existe toujours entre les taux mahorais et métropolitains.
« Les agents demandent un éclaircissement », souligne Salimou Assani, représentant Force Ouvrière. Des agents ont pu rencontrer le directeur de la prison et les revendications ont été remontées à la Mission des services pénitentiaires d’Outre-mer, précise le syndicaliste. Au tribunal, cette grève a eu pour conséquence un retard dans l’acheminement de deux détenus dont l’audience était prévue le matin-même.