Ce mardi matin, deux personnels de la direction des ressources humaines du centre hospitalier de Mayotte ont été visés par des tags nazis dans deux ascenseurs de l’établissement. Une découverte lugubre qui a fait bondir les principaux intéressés ainsi que le directeur par intérim, Christophe Blanchard. Des plaintes ont été déposées au commissariat de Mamoudzou dans l’espoir de retrouver le ou les individus à l’origine de ces actes ignobles.
« J’ai l’impression d’avoir été humilié publiquement. » À l’autre bout du fil, Matthieu Guyot, le directeur des ressources humaines et de la formation se dit encore sous le choc après la découverte ce mardi vers 7h de son nom assimilé à une croix gammée dans l’un des ascenseurs du centre hospitalier de Mayotte. « C’est inacceptable ! », rebondit Christophe Blanchard, le directeur par intérim, particulièrement remonté face à l’absurdité de ces « guignols pas très instruits ». D’autant plus qu’un second tag du même type vise en parallèle un autre collègue, Steve Gardavoir, en charge du développement des ressources humaines au sein de l’établissement.
Un incident qui s’ajoute à ceux vécus ces derniers mois par Matthieu Guyot, qui évoque des tracts diffamatoires, des séquestrations, des insultes et des menaces, sur son profil Twitter. « J’ai souhaité le diffuser pour mettre un coup de projecteur sur ces attaques répétées à l’encontre de tous les membres du système hospitalier, et pas seulement à Mayotte. Beaucoup d’entre nous se font agresser, physiquement et verbalement, à l’image du directeur des hôpitaux de Marseille lors d’une manifestation devant son logement ! » À travers ce partage, l’homme de 29 ans souhaite surtout afficher sa solidarité et crier son ras-le-bol. « Le poste de DRH est le plus exposé car il touche au salaire et à la carrière des agents », souligne Christophe Blanchard, avant de « condamner fermement » ces actes répugnants, qui ont fait l’objet d’un dépôt de plainte dès l’après-midi au commissariat de Mamoudzou par les deux principaux concernés. « J’irai me présenter également pour faire de même au nom de l’hôpital. Nous n’allons pas laisser passer ça ! », prévient le directeur par intérim.
Un mouvement d’humeur ?
Pour l’heure, les rumeurs vont bon train sur le ou les individus à l’origine de ces insultes. « Nous n’avons pas encore d’idée arrêtée… Cela peut être un agent non reconduit, un anti-vax ou un syndicaliste. » Plusieurs hypothèses qui restent encore à approfondir par la section d’enquête de la police nationale en charge de l’affaire. « Honnêtement, je ne pense pas que ce soit l’œuvre d’une section syndicale, ce n’est trop le style de la maison de faire des choses aussi basses », tempère Matthieu Guyot, qui penche davantage sur « un mouvement d’humeur ». « Quelqu’un doit m’en vouloir pour une raison x ou y… »
Cet épisode vient compléter « une fin d’année compliquée » selon Christophe Blanchard, entre les différents droits de retrait (sage-femmes, direction des plans et des travaux, service des déchets…). « Le risque est de dégoûter ces jeunes qui souhaitent nous rejoindre alors que nous sommes déjà très peu attractifs », poursuit-il. Et de rappeler que le poste de DRH est resté vacant pendant deux longues années avant l’arrivée en mars 2020 de l’actuel directeur. « Si jamais il s’en va, ce serait le chaos ! » Mais qu’il se rassure, Matthieu Guyot ne compte pas rendre les armes de sitôt. « Ma motivation reste pleine et entière. Certes, ça ne fait pas plaisir, mais je ne vais tout arrêter à cause de quelques tags. Il faut tenir le cap, Mayotte en a besoin. Partir maintenant, ce serait nuire à l’établissement et au département… » Ses détracteurs sont prévenus !