Quarante-trois familles se sont retrouvées à M’tsangabeach, à Sada, ce vendredi 11 octobre, pour célébrer la fin des ateliers de guidance parentale. Un dispositif pour aider les parents dans l’accompagnement de leurs enfants en situation de handicap.
Kamaria Boina est venue à M’tsangabeach, ce vendredi, avec sa fille Rifka, autiste. Comme 43 autres familles, elle est venue fêter la fin des ateliers de guidance parentale. Un dispositif mis en place par l’association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) qu’elle a suivi pendant un an pour apprendre à accompagner son enfant en situation de handicap. L’accompagnement porte sur toute forme de handicap : moteur, troubles du neurodéveloppement, psychique etc. Parce que les parents peuvent se sentir démunis face au handicap de leur enfant, l’association a créé en 2017 ces ateliers pour les aider. A l’issue de l’année écoulée, une cérémonie leur était dédiée ce vendredi à Sada. « Le but des séances est de valoriser les compétences des parents pour qu’ils soient ensuite en autonomie avec leurs enfants », souligne Razafini Oili, directrice adjointe des établissements de l’Apajh à Mayotte.
Les parents participent à des groupes de discussion de pair-aidance, ils échangent avec d’autres adultes confrontés aux mêmes questionnements. « Par exemple, ils peuvent discuter du fait de faire des courses dans un supermarché avec un enfant hyperactif. » Ils rejoignent aussi des ateliers mixtes avec des professionnels. Quarante-quatre ont été mobilisés cette année. Un dispositif qui se déroule dans l’ensemble de Mayotte, l’Apajh étant partenaire de plusieurs associations et centres communaux d’action sociale (CCAS).
« Nous sommes devenus amis »
Kamaria Boina est très reconnaissante de cette année d’accompagnement. « Avant, je ne savais rien sur la maladie de ma fille. Aujourd’hui, je sais comment réagir si elle fait une crise, c’est plus facile », décrit-t-elle. Elle n’a plus d’appréhension vis-à-vis de l’autisme. Lors des temps de pair-aidance, elle pouvait « exprimer tous ces questionnements ». Avec les autres parents, « nous sommes devenus amis, nous sommes même une famille », s’enthousiasme-t-elle. « Si je ne suis pas sûre de quelque chose, je les appelle. » Même sentiment pour Ahamadi Assani, Kaïm, son fils de 9 ans est lui aussi autiste. Quand il a été diagnostiqué, son père ne connaissait rien sur ce trouble du neurodéveloppement et ne savait pas agir. « Grâce aux échanges avec d’autres parents, j’ai compris que je n’étais pas tout seul dans cette situation, ça m’a fait du bien », confie-t-il.
La guidance parentale commence aujourd’hui à être bien identifiée des parents d’enfants en situation de handicap à Mayotte. En 2017, la première année, neuf familles ont été accompagnées contre 43 cette année. « Traditionnellement, à Mayotte, on cache l’enfant handicapé, c’est tabou », raconte Razafini Oili. Voir le nombre de familles accompagnées chaque année est donc une victoire pour la structure.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.