Au lycée Bamana, des parents d’élèves manifestent pour que les sinistrés quittent les lieux

Face à la présence de sinistrés dans le centre d’hébergement installé dans le lycée Younoussa-Bamana à Mamoudzou, des parents d’élèves sont venus manifester pour qu’ils quittent l’établissement scolaire, espérant qu’il soit opérationnel à la rentrée. Sauf qu’en face, les personnes qui ont perdu leur maison n’ont nulle part où aller.

« Libérez le lycée, vous n’avez qu’à appeler le 115 ! » C’est le message que sont venus crier une quinzaine de parents d’élèves, ce vendredi matin, à l’adresse des sinistrés encore présents dans le lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou. Ceux-ci s’inquiètent de l’indisponibilité de l’établissement pour la rentrée, initialement prévue le 13 janvier. « Les gens doivent partir, nos enfants ont besoin de retourner à l’école, eux aussi ils ont souffert psychologiquement », argumente un mère tenant une pancarte demandant de libérer l’école.

« Il faut que ces gens soient rapatriés de là d’où ils viennent. Tous les jours, il y en a des nouveaux qui arrivent dans ce lycée », insiste Safina Soula, présidente du collectif citoyen Mayotte 2018 venu soutenir le mouvement, qui ajoute que c’est à la préfecture de Mayotte de prendre les mesures nécessaires. « Les Mahorais sont déjà dans le besoin, on ne peut pas héberger tout le monde », ajoute-t-elle, arguant que la majorité des sinistrés sont issus de l’immigration clandestine. « Les écoles devaient être des hébergements d’urgence, l’urgence c’est deux jours, là, ça fait plus de deux semaines », s’exaspère une manifestante, qui redoute que les lieux soient abîmés par la présence des réfugiés du cyclone.

« Mais on n’a nulle part où aller »

Face à cette colère, Abdou* préfère rester calme. « Nous, on a nos papiers, mais ce sont les mêmes personnes qui bloquent la préfecture quand on veut les renouveler », ne peut s’empêcher de lancer celui qui est venu s’abriter dans l’établissement au moment de l’ouverture des hébergements d’urgence, la veille du passage du cyclone, le vendredi 13 décembre. « Elles veulent qu’on parte, mais on n’a nulle part où aller, nos maisons sont détruites. Il y a des femmes et des enfants ici », continue un autre sinistré. Environ 300 personnes sont encore hébergées dans l’établissement, ce vendredi matin. Suite à la fermeture des écoles transformées en centres d’hébergement à Mamoudzou, mardi, plusieurs seraient venus se réfugier ici, le lycée ne dépendant pas de la commune. Plusieurs centres, comme l’école du Manguier ou celle T17 à Kawéni, ont été fermés un jour en avance, prenant au dépourvu les personnes réfugiées, prévenues pour la plupart le jour-même. Pour l’heure, aucune autre solution n’a été proposée aux mis à l’abri temporaires, qui redoutent de devoir dormir dans la rue. « Il y a des gens ici qui se sont fait agresser, on ne peut pas dormir dehors », insiste Abdou.
*Le prénom a été modifié.

Les centres d’hébergement de Koungou ferment ce vendredi

À partir de ce vendredi, les centres d’hébergement d’urgence de la municipalité de Koungou seront fermés afin de procéder à une inspection des bâtiments. Cette mesure vise à garantir la sécurité et le bon état des infrastructures, selon la Ville, qui avait mobilisé entre autres le collège de Majicavo-Lamir, où demeuraient encore environ 400 personnes en début de semaine. Interrogés à ce moment-là, les sinistrés indiquaient qu’ils n’avaient pas d’autre solution d’abri si on leur demandait de partir.

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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