Après plusieurs mois d’ateliers et d’échanges, les acteurs du numérique de Mayotte se sont réunis pour présenter leurs projets. Les Assises ont réuni plus de 200 participants, privés et publics, pour identifier les problématiques du territoire et engager une transition numérique sur l’île.
“Le numérique intéresse tout le monde, c’est même devenu une nécessité”, clame haut et fort Faiçoil Mouhoussoune, le directeur du Gemtic (groupement des entreprises mahoraises des technologies, de l’information et de la communication). Ce constat pousse les acteurs des Assises du numérique se projeter rapidement pour lutter contre la fracture digitale sur l’île. Parmi les cinq grands enjeux à mener sur le territoire : les infrastructures, le matériel et les services, la pédagogie, la formation et l’insertion et le financement.
À la base du futur cluster numérique mahorais « qui s’inscrit dans ces projets », le Gemtic est l’un des protagonistes majeurs des Assises. L’objectif de ce projet ? « Tout connecter, aller plus loin, être avant-gardiste et surtout produire sans être uniquement consommateur dans l’économie du numérique. » Dans la continuité de l’agenda déjà proposé, un portail numérique est en cours de création « pour centraliser toutes les informations », afin que toute personne lambda, issue de n’importe « branche professionnelle » ayant besoin d’un service, puisse y avoir « un accès facile ».
Clairement identifiées, d’autres solutions concrètes doivent voir prochainement le jour, comme l’installation de bornes Wifi gratuites ou encore le déploiement de la fibre optique sur l’ensemble de l’île. Deux manques mis en lumière au cours de la crise sanitaire, et plus particulièrement durant les périodes de confinement, qui ont grandement pénalisé les élèves ainsi que le suivi des formations. “La continuité pédagogique doit être assurée aussi à Mayotte”, persiste et signe Youssouf Moussa, le directeur du Carif-Oref dans le 101ème département. Pour ne pas revivre une telle situation, les Assises prévoient de travailler en étroite collaboration avec les établissements scolaires et de s’appuyer sur des formations à destination des médiateurs du numérique.
Une transition qui commence dès aujourd’hui
Si de nombreux projets sont à venir, certains sont déjà en place. L’île compte déjà 11 espaces numériques où les habitants peuvent venir accéder à une connexion ou demander de l’aide pour réaliser certaines démarches. Auxquelles il faut ajouter un bus mobile qui permet d’aller directement à la rencontre des populations les plus précaires et de les accompagner dans cette transition. “C’est un service de proximité qui nous aide à lutter contre la fracture numérique”, insiste Youssouf Moussa, convaincu de ces bienfaits, grâce notamment à la formation à ces nouveaux outils d’une quinzaine d’agents, dont la mission première consiste à épauler les utilisateurs. Qui sont, soit dit en passant, toujours plus nombreux : 8.000 en 2019, contre 15.000 en 2020. D’ici deux ou trois ans, le but du Carif-Oref est d’en accueillir 50.000 chaque année.
“On a pris conscience des enjeux du numérique sur un petit territoire comme le nôtre et de son importance pour la démocratie”, indique Faouzat Mli, directrice de la direction du numérique, des systèmes d’informations et des moyens au conseil départemental. Selon elle, les enjeux sont d’ordre économiques, tant pour les entreprises que les habitants, puisque de plus en plus de dossiers administratifs sont se retrouvent digitalisés, à l’instar de la prise de rendez-vous à la préfecture.