Mlezi Maore est un acteur majeur du social et du médico-social à Mayotte. En 2022, l’association a orienté plus de 50.000 personnes vers des structures adaptées et a informé plus de 144.000 personnes. L’année 2022 s’est soldée sur un bilan positif, mais l’association a quand même dû faire face à plusieurs obstacles venus entraver ses missions. Une conférence de presse était organisée, ce mardi 27 juin, dans les locaux de l’Action éducative en milieu ouvert (Aemo) – une branche de l’association.
En quelques mots, Melzi Maore ce sont 50 établissements et services et 667 salariés répartis sur Petite-Terre et Grande-Terre. L’association s’articule autour de quatre pôles majeurs : un pôle jeunesse, un pôle handicap, un pôle solidarités, un pôle insertion et vie sociale. D’après Hugues Makengo, directeur de l’association depuis décembre 2022, « la principale mission de l’association est d’accompagner les bénéficiaires et leur trouver des solutions d’urgence, mais aussi et surtout pérennes ». Il s’est félicité du résultat de l’année 2022 mené par son prédécesseur Dahalani M’Houmadi. Il a également remercié l’ensemble des équipes qui œuvrent sur le terrain pour réaliser les actions de l’association. Parmi ces missions, l’accompagnement des jeunes est un point essentiel. Certains sont déscolarisés, en rupture familiale ou encore sans avenir professionnel et doivent être suivis et orientés par des professionnels. Cette conférence de presse était justement l’occasion de voir le résultat des actions de Mlezi Maore sur la jeunesse. Loubna, élève de Première, était présente, aux côtés de son éducatrice qui l’a encadrée tout au long de l’année dernière. La jeune femme veut devenir journaliste, métier auquel son éducatrice la forme peu à peu. « Mon accompagnement m’a beaucoup aidé à m’intégrer au sein de la société, des gens de mon âge et de ma famille. Avant, j’avais du mal à sociabiliser, ce n’est plus le cas maintenant ».
Comme Loubna, des milliers d’enfants ont bénéficié de l’encadrement d’éducateurs spécialisés depuis la création de l’association. Et les besoins dans la jeunesse sont conséquents ! Le directeur général, Hugues Makengo, a rappelé que « 5.400 à 9.300 enfants sont non scolarisés sur l’île et se retrouvent sans solution ». Le pôle jeunesse comprend trois sous-pôles qui permettent de couvrir l’ensemble des besoins des jeunes à Mayotte : les établissements judiciaires, les établissements de protection de l’enfance et les services MNA. De manière globale, Mlezi Maore a permis en 2022 d’accompagner près de 7.500 bénéficiaires à travers ses quatre pôles d’action. A savoir que la durée moyenne de l’accompagnement d’un bénéficiaire est de vingt mois.
Sept nouveaux dispositifs
En parallèle des actions menées auprès des bénéficiaires, Mlezi Maore a réussi à mettre en place sept dispositifs afin de répondre aux problèmes endémiques sur l’île. Dans un premier temps, un centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) a été ouvert à Chirongui afin de dépister et de prendre en charge les enfants atteints d’un handicap, ceci avant leur scolarisation. Le deuxième chantier mis en place par l’association correspond au dispositif intégré médico-éducatif (Dime) installé à Kangani qui doit permettre de placer ou de proposer des solutions aux enfants âgés de 3 à 20 ans présentant des troubles du spectre de l’autisme. Le troisième axe mis en place en 2022 concerne l’établissement de mise à l’abri à Acoua qui permet d’accueillir en urgence les personnes dans le besoin tout en leur trouvant une solution en l’espace de 23 jours. L’association a à cœur de préserver les liens familiaux des bénéficiaires. Elle a donc créé un espace de rencontre parents-enfants à Doujani ainsi qu’un service de réunification familiale à Combani. Enfin, l’association tient à accompagner le plus possible les bénéficiaires vers une insertion professionnelle. C’est dans cette optique qu’un cinquième atelier et chantier d’insertion dédié à la mécanique automobile a été ouvert à Combani ou encore que la première auto-école sociale et solidaire a vu le jour à Tsoundzou II. Afin que ces dispositifs voient le jour, l’association a pu compter sur un personnel engagé et déterminé ainsi que d’une très bonne implantation dans le territoire mahorais.
Une association qui fait front
Malgré un bilan plutôt positif sur l’année 2022, l’association a dû faire face à quelques obstacles. Le premier problème de taille étant le financement. « On se trouve à côté des décideurs publics, on veut agir mais il faut nous en donner les moyens », a martelé le directeur de l’association. L’ensemble de l’année 2022 a nécessité 36,4 millions d’euros de financements. Les investisseurs restent nombreux et variés : fonds européens, ministère de la Justice, direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets), Agence régionale de Santé (ARS), service pénitentiaire d’insertion et de prévention (Spip), centre hospitalier de Mayotte (CHM)… Néanmoins, la demande d’aide sur l’île est de plus en plus criante et les financements viennent à manquer pour pallier certaines difficultés qui s’annoncent. La principale difficulté de l’année 2023 reste l’opération Wuambushu. Bien qu’elle ait commencé il y a deux mois, ses conséquences se font déjà sentir surtout en ce qui concerne la crise du logement sur l’île et la déscolarisation des jeunes.
Alors que le nombre de prétendants aux aides de l’association ne fait qu’augmenter, celui des salariés est lui dans le rouge. L’association peine à recruter des salariés qualifiés et qui veulent se lancer dans l’aventure mahoraise. Mais si Mlezi Maore cherche idéalement des candidats avec des diplômes d’État reconnus, des formations sont prévues par l’association afin de former les candidats non expérimentés aux métiers du social. Le seul prérequis reste donc la motivation ! L’association publie de manière régulière des offres d’emploi sur son site ainsi que sur des sites de recherche d’emploi. Le manque de personnel se fait sentir dans toutes les branches, l’association est à la recherche – entre autres – d’un psychologue compormentaliste, d’un éducateur spécialisé, d’un ergothérapeute, d’un assistant social, d’un infirmer MNA, d’un maître de maison, d’un encadrant sportif, d’un veilleur de nuit… toutes les offres d’emplois sont à retrouver sur leur site.
Près de 7.500 bénéficiaires suivis par la structure
En 2022, Mlezi Maore c’est :
- 7.493 bénéficiaires accompagnés et suivis
- 50.552 personnes orientées et touchées
- 144.338 publics informés et sensibilisés
- 36,4 millions d’euros investis pour l’aide sociale