Les commerçants attendent les 15 derniers jours du ramadan toute l’année. Période durant laquelle les clients prennent d’assaut les magasins à la recherche de nouveaux habits et de linge de maison pour l’Aïd. Bondées de monde, les foires ramadan se multiplient un peu partout sur le territoire, pour le plus grand bonheur des vendeurs.
« Namou karibou ! » (Soyez les bienvenus) Une phrase devenue automatique dans la bouche de chaque commerçant ces derniers jours. La rue du commerce de Mamoudzou prend tout son sens depuis une semaine. La foire ramadan est officiellement ouverte et la chaussée est en effervescence. Ma Souraya, gérante d’une boutique, ne peut cacher sa joie durant cette période. Assise sur son banc, elle supervise de son œil avisé ses petites-filles qui sont chargées de renseigner les badauds. Les vacances scolaires tombent à pic, les petites peuvent contribuer à animer le commerce familial. Des instants que la famille de commerçants n’avait pas pu vivre l’année dernière. « Le Covid-19 était tout récent, on ne pouvait pas faire tout cela », rappelle Ma Souraya. S’en sont suivis ensuite des épisodes de confinement et déconfinement, et les clients n’étaient clairement pas au rendez-vous. « Nous n’avions presque rien vendu pendant des mois, et ce que nous avions commandé n’est jamais arrivé. Personne n’a pu voyager pour acheter de la marchandise et beaucoup d’entre nous n’ont pas reçu leurs conteneurs », raconte la gérante.
Cette année, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rabattre sur les anciennes collections. « Ce que je vends sont des articles de l’an dernier, mais je suis tout de même contente de pouvoir liquider les stocks. » Les consommateurs ne semblent pas lui en tenir rigueur puisque qu’ils défilent devant le stand de Ma Souraya qui vend un peu de tout. Du prêt-à-porter, des tenues traditionnelles, des draps, des rideaux, de la décoration pour la maison… En somme, tout ce qui est recherché pour l’Aïd. Et les clients sont d’autant plus ravis. « On a le choix, tout est concentré sur la même rue, c’est une bonne chose », se réjouit Raïcha, venue faire ses dernières emplettes. Ses mains sont chargées de courses en grande partie destinées à sa fille. « Les achats de l’Aïd sont surtout pour les enfants. On doit leur acheter des nouveaux habits. Moi, j’ai passé l’âge, je mettrai un salouva et ça m’ira », dit la mère de famille en prenant une paire de chaussures. Les articles pour les plus petits sont effectivement très prisés par les centaines de clients qui entrent dans les boutiques.
Tout est permis pour attirer les clients
Nombreux sont ceux qui profitent du dernier week-end du ramadan pour tout acheter. Manque de temps ou simple stratégie, le résultat est le même : les rues et les magasins sont bondés de monde. « Je m’y prends un peu tard, mais avec le boulot je n’ai pas le temps de faire mes achats dans la semaine. C’est donc une aubaine pour moi que les magasins ouvrent le dimanche », se réjouit Nadia, une mère de famille qui fait les magasins avec ses deux enfants. Et c’est justement pour faciliter la vie des personnes qui travaillent que Hadja M’lanao, propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter, a décidé d’ouvrir sa boutique en continuité jusqu’à 22h. « La fatigue est là, mais on n’a pas le droit d’être fatigués. C’est maintenant qu’il faut tout donner, donc on ouvre le soir pour que les clients puissent venir. » Et ils sont au rendez-vous selon elle. Beaucoup font leurs courses de l’Aïd après avoir mangé à 18h.
Cependant, la commerçante regrette d’être l’une des rares à ouvrir le soir dans sa rue, même si cela l’avantage. D’autres ferment à 17h, mais font tout pour amasser le maximum de clients durant la journée. « Je baisse les prix dès la deuxième quinzaine du mois de ramadan pour pouvoir tout liquider et aussi permettre à chacun de pouvoir s’offrir quelque chose pour l’Aïd », explique une vendeuse. Une stratégie qui porte ses fruits puisque les clients l’ont bien assimilée au fil des années. « Je viens les derniers jours parce que je sais que c’est à ce moment-là que les commerçants sortent tous leurs produits et font beaucoup de promotions », affirme Haouzoiti, une cliente. Le dernier week-end du mois de ramadan a été très intense pour les commerçants, et les quelques jours qui restent avant l’Aïd s’annoncent encore plus épuisants. Les vendeurs se préparent psychologiquement à affronter la foule et tous les automobilistes devront indéniablement passer encore plus d’heures, dans des bouchons plus longs.