Ce mercredi, quatre jours après le passage du cyclone Chido, les habitants du bidonville de Mavadzani, à Majicavo-Koropa, dans la commune de Koungou, n’ont toujours pas vu d’autorité venir s’enquérir de leur état. Des maisons détruites, pas d’eau, pas de nourriture… Les besoins sont grands.
À l’entrée du bidonville de Mavadzani, au niveau de Massimoni, la résidence où ont été relogés provisoirement les habitants du quartier récemment décasé n’a tenu qu’en partie. Un des appartements n’a plus de murs. Mais une bonne partie des cases détruites par le cyclone Chido samedi dernier se dresse de nouveau. « On récupère des tôles par-ci par-là », raconte Fayad, ajoutant que certains puisent dans leurs économies pour en acheter des nouvelles à une vingtaine d’euros la pièce.
Dans le quartier informel du village de Majicavo Koropa, la problématique du toit sur la tête se résorbe légèrement, pendant que l’accès à l’eau inquiète l’ensemble des habitants. “Il y a l’eau du puits à Massimoni, mais il y a de la boue dedans, on ne peut pas la boire”, répète une petite fille, qui se tient d’appliquer la consigne donnée par ses parents qui craignent qu’elle tombe malade. Quatre jours après le passage de Chido, ils attendent la distribution d’eau. “C’est très dur avec ma grossesse”, indique une femme enceinte. La nourriture manque aussi, surtout aux enfants qui ont faim. “Je n’ai plus de lait pour mon bébé”, déplore une mère, son enfant de deux mois dans les bras.
« On a faim »
Les enfants, qui ont pour la plupart passés le cyclone sous les tôles, s’amusent un peu avec notre appareil photo. Quelques sourires, mais le manque de nourriture ne se fait pas oublier. “On a faim”, disent-ils régulièrement. « Je n’ai plus de vêtements, ils se sont tous envolés. Mon papa est en train de réparer notre maison », décrit Naïssa. Une autre fillette de 14 ans raconte qu’elle n’a pas d’endroit pour dormir pour l’instant. « Notre maison est détruite », regrette celle qui est inquiète de ne plus avoir de cahier pour aller à l’école.
Fayad est désabusé. Depuis le cyclone, il n’a toujours pas vu un pompier, ce mercredi : « Personne n’est venu nous voir ». Plusieurs riverains confirment que depuis samedi, ils n’ont pas vu d’autorité venir s’enquérir du sort des habitants. Un homme nous indique néanmoins avoir aperçu quelques gendarmes le mardi. Une absence qui leur fait redouter d’être laissés de côté. « Il faut que l’aide arrive jusqu’ici, on est des êtres humains quand même », demande le jeune homme. Pas de tension pour l’instant, ni de pillage entre les habitants. Si chacun se concentre sur la réparation de sa propre maison, il y a quand même de l’entraide. « Mais ce n’est pas assez », tranche Assani, qui, comme d’autres riverains ayant une maison en dur, a ouvert sa porte à des habitants du bidonville, le temps qu’on vienne s’occuper d’eux.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.