Plus d’une semaine après le passage du cyclone Chido, les habitants du quartier informel de Kahani n’ont toujours vu personne. Face à cette détresse, un petit groupe de citoyens s’est formé pour les aider, en soignant notamment leurs blessures.
« On nous a oublié, personne n’est venu nous voir », déplore Assad*, qui habite un quartier informel à Kahani, derrière la caserne de pompiers. Face à cette détresse, Aïda, une habitante de Mangajou, dans la commune de Sada, a décidé de réagir. Avec plusieurs amis, elle a commencé la semaine dernière à se rendre dans les bidonvilles de la zone avec de quoi panser les petites blessures des sinistrés. Avec désinfectants, compresses et bandages, elle est revenue ce lundi dans la commune de Ouangani. « On aide au maximum comme on peut, avec les moyens du bord », explique l’étudiante dans le domaine du social, qui en profite aussi pour distribuer de l’eau en bouteille.
Si en début de matinée, les personnes arrivent timidement à la voiture de la jeune femme, dont le coffre a été transformé en pharmacie de fortune, le bruit que des pansements sont disponibles se répend peu à peu. « Je me suis coupé en réparant ma case », indique un habitant avec une coupure à la jambe. Des blessures comme celle-ci, Aïda les constate depuis une semaine : « Il y a beaucoup de gens qui se blessent en voulant reconstruire leurs maisons, mais aussi des enfants qui se coupent avec les morceaux de tôles qui ont été déplacés par le cyclone ». Sans qualification dans le domaine de la santé, elle a néanmoins voulu apporter cette aide, voyant que plusieurs habitants avaient des plaies non soignées. « Certains ne vont pas au dispensaire parce qu’ils sont occupés à reconstruire, d’autres pensent que leur blessure n’est pas assez importante », analyse celle qui vient tous les deux jours dans le quartier. Elle revoit ainsi un des hommes qu’elle a soigné, et sa plaie, qui va beaucoup mieux. « C’est propre maintenant », se réjouit-elle.
« On montre qu’on est là pour eux »
De nombreux enfants viennent en effet à sa rencontre, avec des doigts ou des pieds à désinfecter. Aïda et les autres volontaires s’occupent des contusions qui ne motivent pas les blessés à se rendre au dispensaire de Kahani. Mais pour les plus plaies plus graves, ils encouragent vivement à consulter un médecin. C’est le réflexe qu’a Julien en voyant le pied d’un homme venu les voir, dont la blessure est visiblement infectée. « Il faut aller au dispensaire, ils reçoivent les patients », insiste le jeune homme, professeur en temps normal.
Les enfants sont de plus en plus nombreux autour de la voiture. « On s’occupe aussi de ceux qui ont de tout petits bobos. Même s’ils n’ont pas vraiment besoin de nos soins, on montre qu’on est là pour eux, et ils peuvent faire passer le mot à ceux qui sont vraiment blessés », fait remarquer le professeur. Un geste apprécié par Kamaria, qui habite une case en tôle dans le quartier informel. « Personne d’autre n’est venu nous voir pour savoir si on allait bien », regrette celle à qui le petit groupe est venu donner de l’eau potable. Si les habitants arrivent à trouver de l’eau grâce une rampe à proximité, lorsqu’elle est ouverte, c’est surtout la nourriture qui fait défaut. « En ce moment, chaque voisin qui cuisine partage un peu avec les autres, mais c’est compliqué », raconte la jeune femme, qui n’a pas eu vent des distributions de denrées effectuées dans le village.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.