Vers la fin de l’épidémie de dengue à Mayotte ?

Alors que la dengue sévit à Mayotte depuis l’année dernière, la maladie semble, pour la première fois, décliner depuis plusieurs semaines. Le nombre de nouveaux cas hebdomadaires a été divisé par quatre depuis la fin du mois de mai. Mais l’agence nationale de santé publique craint un regain lors de la prochaine saison des pluies. 

Après plus d’une année particulièrement active à Mayotte, l’épidémie de dengue montre ses premières faiblesses. En avril, comme depuis des mois, 200 cas locaux en moyenne étaient détectés chaque semaine, et même jusqu’à plus de 300 en mars, période du pic épidémique. Mais depuis la fin mai, ce nombre est retombé à 50. Au total, depuis le début de l’année, 4.463 cas de dengue ont été confirmés sur le territoire. Les premiers malades avaient été détectés majoritairement dans le Nord, avant que d’autres cas n’apparaissent sur l’ensemble de l’île. 

Si la dengue se décline en quatre sérotypes (catégorie dans laquelle certains virus sont classés en fonction de leurs impacts sur les anticorps), un seul circule à Mayotte depuis le début de l’épidémie, « mais l’importation d’autres sérotypes depuis la zone océan Indien demeure un risque réel et permanent », prévient Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique. D’autant plus avec la réouverture progressive de l’espace aérien et avec elle la reprise des vols commerciaux. En effet, si dans la grande majorité des cas la maladie n’entraîne pas de graves complications, le risque s’accroît lorsque le malade contracte, au fil du temps, différents sérotypes. Problème, alors qu’à Mayotte, seul le sérotype 1 serait présent, c’est le type 2 qui circule actuellement à La Réunion, où une épidémie, bien que moins soutenue, sévit là aussi. Autrement dit, les voyageurs devront redoubler de vigilance. 

Ceci dit, les autorités et résidents de l’île aux parfums ne sont pas en reste, et « les mesures de luttes doivent être maintenues dans le but de limiter voire d’éradiquer la circulation virale pendant la saison sèche », juge encore Santé Publique France. Sans quoi l’agence craint « une recrudescence épidémie en fin d’année lors de la prochaine saison des pluies », période où les points d’eau stagnante se multiplient et par conséquent, les gîtes larvaires de moustiques aussi. 

Six décès « directement liés à la dengue » au CHM 

Depuis le début de l’année, 16 personnes diagnostiquées comme porteuses de la dengue sont décédées au CHM. Après étude de leur dossier de santé par un comité d’experts, « six décès étaient directement liés à la dengue », précise Santé Publique France. Trois d’entre eux seraient dus à un choc vasoplégique pour trois patients. Deux autres seraient morts des suites d’une atteinte hépatique, et un malade a déclenché une forme de dengue hémorragique. Concernant les autres décès enregistrés, un est « indirectement lié » à la maladie, et cinq sont « non imputés à la dengue ». Par ailleurs, la cellule de veille de l’ARS a, de son côté, répertorié sept certificats de décès à domicile portant la mention « dengue ». Toutes ces personnes, dont l’âge médian est de 74 ans, ont perdu la vie après le 20 mars. « Nous ne savons pas si ces personnes ont fait l’objet d’une confirmation biologique de dengue », tempère toutefois Santé Publique France. 

Depuis le début de l’année, le service des urgences du CHM a enregistré quelques 944 passages liés à des symptômes similaires à ceux de la dengue, soit 40 par semaine. Huit cas de dengue « sévères non fatale » y ont été répertoriés. Si le nombre de cas détecté à drastiquement diminué, « le taux d’hospitalisation parmi les cas confirmés a augmenté et est, depuis la mi-mars, supérieur à 10 % », relève encore l’agence, qui n’explique pas cette hausse à ce stade. Sont toutefois avancées comme hypothèses les co-infections et l’effet de l’épidémie de Covid-19 sur l’état de santé général et sur le 

recours au soin. Au total, et à compter de mai 2019, 437 patients diagnostiqués dengue ont été hospitalisés, dont 25 en réanimation et 72 en médecine.

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