Étudiant en droit international à Bordeaux, Soilihi Mascati a lancé une pétition en ligne* le week-end dernier pour réclamer aux autorités l’armement médical du porte-hélicoptère amphibien Mistral qui doit venir en aide à Mayotte et à La Réunion. Le jeune homme dénonce notamment le mépris du gouvernement à l’égard de la population.
“Je suis inquiet par ce qu’il se passe à Mayotte !” Du haut de ses 25 ans, Soilihi Mascati ne cache pas son anxiété face à la propagation du Coronavirus. Depuis son appartement situé à Bordeaux où il suit un master en droit international, le jeune homme n’oublie pas pour autant son île natale. “Ma mère vit avec l’un de mes grands frères qui est handicapé. Je suis très préoccupé par rapport à eux, je dors mal depuis une semaine… Je prie pour qu’ils ne soient pas atteints par le virus, sinon ce serait catastrophique”, confie-t-il d’une voix tremblante. Si la technologie d’aujourd’hui lui permet de prendre quotidiennement des nouvelles de sa famille, il ne peut s’assurer que celle-ci applique les gestes barrières et respecte le confinement imposé par l’État. Pour ne pas tomber dans la paranoïa, il repose alors tous ses espoirs sur la religion. “J’espère au moins qu’ils se lavent les mains pendant les heures de prière”, imagine la boule au ventre Soilihi Mascati, dont le nom fait tout simplement référence à la capitale d’Oman.
Et c’est sa situation familiale qui le pousse, le week-end dernier, à lancer une pétition en ligne, adressée à Édouard Philippe et Emmanuel Macron. “Il est primordial que des efforts supplémentaires soient mobilisés à Mayotte pour pallier une insuffisance structurelle et personnelle en matière hospitalière : avec seulement 16 lits en réanimation pour un peuplement de près d’un demi-million d’habitants, dont 84 % vit sous le seuil de pauvreté, 54 % dans une habitation indigne et 29 % n’a pas accès l’eau courante dans son logement”, énumère-t-il solennellement. Avant d’ajouter : “Ici, vous l’aurez compris, le confinement paraît complexe et impossible à mettre en place pour la majorité des concernés : il faut donc armer médicalement le Mistral.” Son appel reçoit notamment dans les premières heures le soutien du député LR Mansour Kamardine, qui n’hésite pas à le relayer sur sa page Facebook pour apporter du poids à ce pavé jeté dans la marre.
“Je voulais me sentir utile pour mon île”
Mais en plus de son message de détresse, l’étudiant met également en porte à faux les politiques menées ces dernières années, pointant ainsi du doigt “le mépris ou le manque de volonté du gouvernement à l’égard de notre population, qui a du mal à obtenir ses droits”. De ce fait, Soilihi Mascati espère de la jeune génération, bercée depuis sa plus tendre enfance par la devise Ra Hachiri, un sursaut d’orgueil. “Il faut que nous soyons capables de contredire les autorités et de proposer ce qui sera meilleur pour notre avenir, sinon on continuera de nous imposer une vision qui n’est pas la nôtre”, s’alarme-t-il.
Malgré la distance qui sépare la métropole de Mayotte, Soilihi Mascati souhaite faire entendre sa voix. “Je voulais me sentir utile pour mon île”, admet-il. Et selon lui, il est de son devoir de rappeler l’existence du 101ème département dans la République française. Fait qu’il rabâche dans sa pétition : “Il serait inhumain, inconcevable, sadique, voire criminelle de laisser des milliers de Mahorais mourir. […] Dans cette guerre, ne laissant aucun homme indifférent, reconnaissons aux Mahorais leur dignité dans leur francité.” Et visiblement, son discours séduit puisqu’il a déjà recueilli plus de 350 signatures sur les 500 espérées. Une fois cet objectif atteint, le site change.org lui offre la possibilité d’adresser son courrier aux destinataires visés, à savoir le premier ministre et le président de la République.
*https://www.change.org/p/edouard-philippe-mistralsavemayotte?recruiter=528708896&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_petition&recruited_by_id=ad5bad30-055e-11e6-be1b-01b0320d7ccc&utm_content=starter_fb_share_content_fr-fr%3Av2
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