Hier matin, à l’appel de la CFDT Mayotte, une cinquantaine d’agents du Centre hospitalier de Mayotte (CHM) manifestaient devant l’entrée principale de l’hôpital pour protester contre la surcharge de travail et le turn-over du personnel. Ils ont déposé auprès de la direction un préavis de grève illimitée, une réaction qui surprend la nouvelle directrice du CHM qui a reçu plusieurs heures durant les partenaires sociaux la semaine dernière.
« On est arrivés à l’intolérable ». Ousséni Balahachi, secrétaire général de la Cisma-CFDT, ne mâche pas ses mots. A l’instar d’une cinquantaine d’agents regroupés hier matin devant l’entrée principale du Centre hospitalier de Mayotte (CH M), il manifeste contre « la charge de travail et le turn-over » qui « n’ont pas cessé d’augmenter » alors que « les conditions de travail et l’effectif n’ont pas évolué », indique le préavis de grève illimitée déposé le 12 mai auprès de la direction de l’hôpital. Les agents grévistes demandent un état des lieux des effectifs dans les services afin d’enclencher un recrutement adéquat, notamment en médecins et agents médicaux. Ousséni Balahachi pointe du doigt la dégradation des conditions de travail des agents et les défaillances dans la prise en charge des usagers que cela peut induire. Le syndicaliste exemplifie son propos en énumérant des décès inexpliqués, selon lui, qui seraient advenus ces dernières semaines suite à une « mauvaise prise en charge » des patients : une femme d’une trentaine d’années originaire de M’tsamboro ayant consulté plusieurs fois après un accouchement et décédée subitement ; une autre femme de Tsoundzou, âgée d’une trentaine d’années également, suivie pour « un problème particulier nécessitant des soins réguliers » et décédée brutalement ; un homme mort suite à une intervention chirurgicale, etc. « Non à la maltraitance des usagers et des agents ! », s’énerve le syndicaliste.
Les grévistes exigent un « changement de directeur »
Autre revendication des agents grévistes : un « changement de directeur pour une nouvelle politique de management », spécifie le préavis de grève, ainsi qu’une Agence régionale de santé (ARS ) qui serve « autre chose que les intérêts de La Réunion », tempête Ousséni Balahachi. En outre, le personnel hospitalier mécontent demande à ce que soient respectés les protocoles de fin de grève et les accords signés. Cette dernière revendication concerne explicitement les moyens promis par le ministère de la Santé suite à la grève de septembre 2015 soit le recrutement de plus d’une centaine d’agents dont des sages-femmes et 4 médecins, dénonce le représentant de la CFDT Mayotte. Une seule réunion a eu lieu suite au protocole de sortie de grève et aucun bilan n’a été établi, affirme encore le syndicaliste.
Véritable cacophonie dans le dialogue social
Une négociation préalable a pourtant bien eu lieu la semaine dernière entre les syndicalistes et la direction de l’hôpital. Interrogée hier par téléphone, la directrice de l’hôpital, Catherine Barbezieux, a indiqué avoir reçu les partenaires sociaux durant plus de cinq heures la semaine passée. « Je suis très surprise par ce qu’il s’est passé ce matin », s’étonne la nouvelle directrice, « pas en phase avec la courtoisie dont tout le monde a fait preuve durant les échanges de la semaine dernière », a-t-elle ajouté. En outre, si le secrétaire général de la CFDT affirmait hier matin qu’il n’avait pas reçu la synthèse des échanges promis à la suite des réunions de la semaine dernière, il a concédé plus tard dans la journée que la directrice l’avait effectivement envoyée vendredi dernier. Se disant très ouverte au dialogue social, Catherine Barbezieux recevra de nouveau ce matin les grévistes afin de refaire un point sur les revendications du syndicat CFDT Mayotte, revendications désormais « différentes de celles présentées en réunion » la semaine dernière, souligne la directrice de l’hôpital. Catherine Barbezieux a également rappelé que 114 postes avaient été créés l’année dernière – soit une augmentation de 6% des effectifs « en quelques mois » – et que des financements avaient été trouvés pour l’ensemble de ces postes, actuellement tous pourvus. Malgré cela, Balahachi Ousséni a confirmé que la grève se poursuivrait aujourd’hui.
Outre les échanges d’aujourd’hui, une réunion est d’ores et déjà prévue avec l’ensemble des partenaires sociaux début juin. « J’estime que j’ai le devoir de faire un état des lieux au démarrage de ma prise de fonction en tant que directrice de l’hôpital », a déclaré Catherine Barbezieux.
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