Tout comprendre au nouveau test antigénique arrivé à Mayotte

Censé désengorger les laboratoires, les nouveaux kits pour dépister les cas de Covid-19 en moins de trente minutes ont fait leur entrée dans le 101ème département. Mais où, quand, comment et qui peut en bénéficier ?

Finies les 24 à 48 heures d’attente ! Avec les nouveaux tests antigéniques débarqués cette semaine sur le territoire, il sera désormais beaucoup plus rapide de savoir si une personne est positive ou non à la Covid-19 : seules 15 à 30 minutes sont nécessaires pour obtenir un résultat, peut-on lire sur le site de l’Assurance maladie. Un outil indispensable donc, pour faciliter le dépistage des cas alors que le 101ème département, pour l’instant épargné par les mesures de confinement, se prépare malgré tout à une deuxième vague. Ce jeudi, l’Agence régionale de santé recensait 277 nouveaux cas entre le 4 et 10 novembre, contre 174 deux semaines plus tôt.

Mais concrètement, comment fonctionne ce test ? Comme un test PCR classique, nous explique le docteur Maxime Jean, infectiologue du CHM détaché à l’ARS en charge du Covid. Le professionnel de santé réalise un prélèvement nasopharyngé en insérant un écouvillon dans la narine du patient, pour détecter la présence ou non des antigènes produits par le virus Sars-CoV-2. Mais à la différence du Polymerase Chain Reaction, qui, comme son nom l’indique, amplifie le génome jusqu’à déterminer la positivité du patient, le test antigénique se contente de donner un résultat à l’instant t. “C’est ce qu’on appelle des TRODS, des tests rapides d’orientation diagnostic, qui peuvent être réalisés sans aucun plateau technique, juste avec paire de mains et un petit kit”, décrit-il.

Isoler sans attendre

L’avantage ? Les cas positifs sont automatiquement détectés, ce qui permet de casser plus efficacement les chaînes de transmission. “Et d’éviter que le patient asymptomatique aille crachouiller le virus un peu partout pendant deux jours en attendant son résultat”, résume le docteur Jean. Si la personne testée se révèle positive, le professionnel de santé est en mesure de prescrire sans attendre l’isolement strict de sept jours, de délivrer éventuellement un arrêt de travail et aussi d’identifier d’ores et déjà les proches qui sont potentiellement des cas contacts. Non seulement, il peut en avertir directement la plateforme de contact tracing, mais il peut aussi exiger que ces personnes restent elles aussi confinées le temps d’être testées.

Maximum à J-4

Le hic, c’est que cette instantanéité suggère aussi un risque sur la fiabilité du dispositif. “Il n’est pas moins fiable s’il est utilisé correctement”, nuance toutefois le médecin. En effet, l’utilisation de ce nouveau gadget par des professionnels de santé autres que le CHM et le laboratoire privé est assortie de son lot de préconisations, formulées par la Haute autorité de santé dans son avis du 8 octobre 2020.

Des indications qui permettent aussi de mieux cerner le public visé. Ainsi, pour les cas symptomatiques, le professionnel de santé – votre médecin, infirmier libéral ou pharmacien – peut réaliser le test jusqu’à quatre jours inclus après apparition des symptômes. Pour les personnes de plus de 65 ans et présentant le risque de développer une forme grave ou sévère, le PCR restera de mise. D’une manière générale, un médecin en présence des symptômes pourra réaliser le test pour confirmer ou infirmer son diagnostic.

Pour les clusters identifiés, le PCR reste de mise

Concernant les cas asymptomatiques, sont pour l’instant exclus de ce nouveau mode de dépistage les clusters et les cas contacts. Le test antigénique servira davantage à réaliser des campagnes à grande échelle au sein de populations ciblées, comme à l’université, ou auprès des personnels des hébergements collectifs. “Nous avons par exemple déjà eu recours à ce dispositif à Ouangani, à Barakani. Il s’agit d’opérations de grande envergure dans une zone, lorsque nous avons un doute sur un risque de propagation”, précise l’infectiologue. Quid des voyageurs ? Ceux à destination des îles voisines devront encore prendre leur mal en patience. “À l’avenir, je pense qu’un test antigénique sera suffisant pour voyager de France à France, mais au niveau international, cela dépendra de l’acceptation de l’autorité du pays de destination, ce qui n’est pas le cas en ce qui nous concerne, pour les Comores ou Madagascar.” Les voyages vers la Grande Île, déjà limités à la seule Nosy Bé, dépendent toujours de la présentation d’un test PCR négatif.

Mais peut-on déjà se ruer à la pharmacie du coin ? Pas tout de suite ! Certes, les tests, gratuits, sont bien arrivés sur le territoire, mais il faut encore attendre quelques jours avant que tous les professionnels de santé volontaires en soient pourvus. “Toutes les pharmacies ne voudront d’ailleurs pas forcément le pratiquer, car il faut quand même mettre une salle à disposition. Le mieux à l’heure actuelle reste d’appeler au préalable son médecin traitant, son infirmier ou son pharmacien”, déroule encore le spécialiste. Un nouveau centre dédié au coronavirus devrait aussi bientôt ouvrir ses portes à Kawéni, qui proposera les deux tests nasopharyngés. Mais, “pour l’instant, ce n’est pas pour les curieux !”

 

 

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