« Tous les arguments sont là pour le garder sur l’île »

Depuis un mois, le centre hospitalier de Mayotte compte dans ses rangs un hélicoptère pour réaliser des transferts sanitaires aux quatre coins de l’île. Un moyen de transport revendiqué de longue date par le Samu et le Smur qui fait économiser un temps médical précieux. Le personnel soignant espère désormais pérenniser cet outil indispensable avec le lancement d’un marché public.

Lorsque le centre de régulation envoie le Smur ou le Samu en intervention, les équipes partent en ambulance, armées de patience. Commence alors un véritable parcours contre la montre pour rejoindre le lieu en question dans les plus brefs délais. Excepté que ce laps de temps peut grimper jusqu’à plus d’une heure lorsqu’il s’agit de se rendre à Mbouéni, par exemple. En cas d’arrêt cardiaque, cette attente peut être tout simplement fatale. Or, depuis un mois, les deux services jouissent d’une alternative, en utilisant un hélicoptère loué à l’entreprise réunionnaise Hélilagon, qui permet d’assurer des transferts sanitaires en seulement quelques minutes.

« C’est une plus-value énorme », confie Ludovic Iché, le responsable des évacuations sanitaires. Preuve en est ce jeudi avec son envoi à l’aéroport pour ramener à Mamoudzou une petite-fille retrouvée dans les bois, soi-disant somnolente selon le médecin du dispensaire de Petite-Terre, et qui aurait ingurgité une plante suspicieuse. Ni une ni deux, Michaël Oriol, le pilote de la compagnie, et Bricia Louro, l’infirmière, accourent dans l’écureuil AS 335N bi-turbines pour la rapatrier. Temps de l’opération : vingt-cinq minutes. Contre minimum, le double voire le triple s’il avait fallu emprunter la barge… « L’hélicoptère fait économiser un temps médical non négligeable », assure le médecin, qui se considère ce moyen de transport comme désormais « indispensable » pour le territoire. Grâce à cet oiseau volant, qui part en mission en moyenne trois fois par jour, les transferts entre les centres de références et l’hôpital ne sont plus assujettis à l’état du réseau routier et à la densité du trafic.

Un argument de choc auprès des autorités

Et l’île présente des caractéristiques idéales pour de tels déplacements, à en croire le responsable des opérations de vol pour Hélilagon. « Le relief relativement bas permet d’évoluer en toute sécurité », confie Michaël Oriol, au moment de désinfecter la civière sur laquelle la patiente héliportée quelques minutes plus tôt s’est installée. Mais encore faut-il disposer de zones adaptées sur lesquelles il est possible de faire atterrir en bonne et due forme l’appareil de 2.5 tonnes. Et à ce sujet-là, les pistes se multiplient. « J’ai pris part avec le directeur des travaux à la reconnaissance des éventuels points de posée dans les CMR pour éviter d’aller sur les stades », souffle celui qui comptabilise 5.400 heures de vol à son actif.

Indépendamment de cet aspect médicale, l’hélicoptère apporte une solution aux autorités, agence régionale de santé en tête, qui souhaitent apporter la médecine d’urgence dans les centres de soins. « Par rapport aux effectifs en place, il nous est impossible d’envoyer des urgentistes dans les centres périphériques », constate Ludovic Iché, avant de glisser malicieusement qu’ils peuvent « s’y rendre très rapidement ». Autre argument à prendre en compte : la multiplication des blocages qui empêche le cas échéant la circulation des ambulances… Un problème résolu avec cette voie aérienne ! Ne reste plus qu’à convaincre la direction de lancer un appel d’offres pour pérenniser cet équipement,

qui pourrait coûter deux millions d’euros par an à l’établissement hospitalier. « Le dossier peut être scellé dès cette année. Tous les voyants sont au vert, tous les arguments sont là pour le garder sur l’île. » En cas d’aval, le CHM pourrait alors se targuer d’un hélisamu, qui interviendrait dans les endroits les plus reculés du territoire.

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