Second hôpital à Mayotte : “Dans les semaines prochaines, un choix de terrain devra être fait”, assure Lecornu

Pour son quatrième et dernier jour de visite, le ministre des Outre-mer a inauguré le site Martial Henry en Petite-Terre, doté d’une cinquantaine de lits pour les soins de suite et de réadaptation. L’occasion de rappeler la nécessité de construire un deuxième centre hospitalier à Mayotte, qui n’est d’ailleurs pas à l’abri d’une nouvelle vague de Covid.

Tandis qu’un malade clopine le pied dans le plâtre, à quelques mètres, la foule en émulation n’a d’yeux que pour le ministre, qui vient tout juste d’arriver sur le nouveau site Martial Henry. “Attends, je remets mon rouge à lèvres !”, babille une soignante avec une collègue, en soulevant son masque. Le discret logo “CHM” brodé sur leurs salouvas d’un blanc impeccable donne une indication sur le contexte de ce rassemblement, qui mêle dans le désorde élus, directeurs et professionnels de santé. “Ah, il n’y a pas que des élus, il y a quand même aussi des gens qui travaillent à l’hôpital !”, s’exclame Sébastien Lecornu après une enième poignée de mains. “Si je peux me permettre Monsieur le ministre, c’est la maman de toutes les sage-femmes, à Mayotte… C’est la maman de 5.000 enfants par an, quelque part”, introduit Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. Comme un clin d’œil aux capacités hospitalières limitées du 101ème département, face à sa démographie galopante…

Justement, la venue du ministre des Outre-mer ce mardi est l’occasion d’inaugurer (enfin) le nouveau site du centre hospitalier de Mayotte en Petite-Terre, dédié aux soins de suite et de réadaptation. Ouvert en catastrophe pendant la vague du début d’année, liée au variant sud-africain, le centre a depuis peaufiné ses dernières finitions, pour une ouverture officielle depuis le 1er juillet 2021. Il remplace ainsi le site de Dzaoudzi et le dispensaire de Labattoir et propose une nouvelle offre de soins SSR de 50 lits, pour limiter le recours aux structures de La Réunion. Et depuis ce mardi, le bâtiment a donc sa plaque inaugurale, dévoilée devant les caméras et le ministre.

Le second hôpital sur les rails ?

Au suivant ! Car dans le contexte de crise du Covid-19, les capacités hospitalières, et notamment les 16 lits que compte le service de réanimation du CHM de Mamoudzou restent encore largement insuffisantes pour un territoire aussi densément peuplé que Mayotte. “Il faut prévoir dès maintenant le second hôpital”, souligne celui qui a donné son nom au site, le Dr Martial Henry. Un sujet que le locataire de la rue Oudinot n’a d’ailleurs pas ignoré, à l’occasion de cette inauguration. “Ce second hôpital, c’est toujours la priorité du gouvernement. Les sommes sont inscrites dans les lois de finances. Et dans les prochains jours ou les prochaines semaines, un choix de terrain devra être fait sur la base de critères objectifs, notamment la prévention des risques naturels en cas de crise climatique”, promet Sébastien Lecornu. L’on s’étonnera peut-être, en passant, que ce fameux climat, “combat du siècle”, ait été le grand absent de cette visite de quatre jours, comme d’ailleurs des cinq volets de la loi Mayotte. Dommage pour une île en proie à la crise de l’eau et, bientôt, aux conséquences du réchauffement planétaire…

Mayotte, pas à l’abri d’un nouveau confinement

C’est que le gouvernement a bien d’autres “inquiétudes”. “Avec 20% de personnes qui présentent un schéma vaccinal complet, on est loin d’une protection forte. Si un nouveau variant devait pénétrer l’archipel, on ne serait pas à l’abri d’une nouvelle épidémie grave, et peut-être de confinements. (…) Je repars, à court terme, avec une inquiétude réelle”, explique ainsi le ministre lors de son second déplacement du jour, pour visiter un centre de vaccination au lycée de Petite-Terre. L’occasion pour lui de marteler le message gouvernemental, sans pour autant annoncer de mesures nouvelles.

À peu près au même moment, le conseil scientifique appelait d’ailleurs à anticiper la vague du variant Delta en Guyane, à La Réunion et à Mayotte. Malgré un taux d’incidence encore très faible (25/100.000 habitants) sur l’île aux parfums, celui-ci connaît une “croissance constante depuis quelques semaines” avec un taux de dépistage faible. L’arrivée du variant Delta « pourrait aggraver rapidement la situation, sachant que les capacités hospitalières y sont limitées », met en garde le conseil qui préconise de prendre précocement des mesures de freinage à titre transitoire, compte tenu du niveau bas de vaccination.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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