L’association Terra Psy est spécialisée dans l’accompagnement psychologique en situation de crise et de catastrophe. Financée par la Fondation de France, elle a participé aux cellules d’écoute au sein du territoire de Mayotte à la suite du cyclone Chido. Sa directrice et psychologue clinicienne, Haddia Diarra, a accepté de répondre aux questions de Flash Infos.
Flash Infos : Dans quel cadre se déroule vos interventions ?
Haddia Diarra : Nous sommes une organisation non gouvernementale composée de psychologues-cliniciens avec une approche interculturelle. L’idée est de s’adapter au public vulnérable. Notre objectif est d’accompagner les populations à un accès aux soins en santé mentale. Nous intervenons en métropole, mais aussi après des catastrophes. Nous sommes par exemple, intervenus au Maroc après le séisme de septembre 2023. Nous intervenons pour prévenir du stress post-traumatique. À Mayotte, suite au cyclone, nous sommes d’abord partis en équipe de trois, en mission exploratoire, pour cerner les besoins. Nous nous sommes aperçus que la prise en charge de la santé mentale est déficitaire. Il y a très peu de psychologues, très peu de psychiatres sur l’île.
F.I. : Comment s’est opéré le partenariat avec l’académie de Mayotte ?
H.D. : Terra Psy est financé par la Fondation de France. L’Éducation nationale a entendu et nous a sollicité. Selon eux, un besoin de soutien psychologique était nécessaire. Nous avons établi une convention entre le rectorat de Mayotte, l’Éducation nationale et Terra Psy pour accompagner la mise en œuvre des cellules d’écoute que souhaitait mettre en place le rectorat. Nous avons donc à disposition huit psychologues formés au psycho-traumatisme pour accompagner les élèves et les enseignants.
F.I. : Après cette catastrophe naturelle, y a-t-il encore des maux toujours en cours ?
H.D. : Bien sûr. Il y a encore des traumatismes, le traumatisme est multifactoriel. Le cyclone est venu réveiller des émotions. C’est un traumatisme complexe que vivent les habitants de Mayotte. Les troubles psychologiques que nous rencontrons sont physiques comme des difficultés à trouver le sommeil, ou encore la perte d’appétit. Certains enfants nous parlent même de cauchemars.
F.I. : Sur quels outils vous appuyez-vous pour fournir un soutien psychologique ?
H.D. : Avec les enfants, on travaille avec le jeu, le dessin, avec des séances de respiration. Tout ce qui permet au jeune Mahorais de dire les choses. En sachant qu’on prend aussi en compte le contexte de la société mahoraise. Venir voir un psychologue n’est pas simple. Culturellement, ce n’est pas encore ancré, même si avec notre approche, on arrive parfois à bouger les lignes. C’est d’ailleurs beaucoup plus simple avec les enfants qu’avec les adultes.
F.I : Est-ce que la prise en charge est similaire pour les adultes ?
H.D. : Pour les adultes, on utilise beaucoup le collectif. Après de grandes crises, on préconise toujours le collectif. Par la suite, des vulnérabilités vont apparaître durant le collectif. Ensuite, on se tourne vers de l’individuel. Dans tous les cas, il faut consulter. Il ne faut pas garder ce traumatisme. Plus on le garde, plus le symptôme risque de s’installer. On doit en parler, à son médecin traitant par exemple, il faut arriver à évacuer. Si ça reste, il faut consulter.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.