15.000 personnes suivies pour des pathologies psychiatriques dans la nature ?

Depuis juin 2020, près de 15.000 personnes jusqu’alors suivies pour des pathologies psychiatriques se retrouveraient livrées à elles-mêmes. Face à ce constat, le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2, Elyassir Manroufou, a proposé une motion en assemblée plénière ce mardi 30 novembre sur la prise en charge et la nécessité de déclarer la santé mentale comme priorité départementale. En réponse, Ben Issa Ousseni a commandé une expertise dans le but d’apporter une réponse concrète à ce sujet dans les plus brefs délais.

Le chiffre de 2019 annoncé par Elyassir Manroufou fait froid dans le dos. « Il y a plus de 15.000 patients suivis en file active par le centre médico-psychologique de Mamoudzou et les consultations dites périphériques (Dzoumogné, Kahani et Petite-Terre) sur le département pour des pathologies psychiatriques », avance le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2. Un constat exacerbé par la crise sanitaire, synonyme en juin 2020 de la fermeture de cette unité, mais aussi de ces points d’accueil… Depuis cette date fatidique, la situation ne cesse de se dégrader pour ces patients qui « se retrouvent dans la rue, posent des problèmes de prise en charge et accélèrent la détresse des familles ».

Face à cette situation chaotique, l’élu refuse de rester les bras ballants. Preuve en est avec la proposition de motion sur la prise en charge et la nécessité de déclarer la santé mentale comme priorité départementale présentée en amont de l’assemblée plénière de ce mardi 30 novembre. « Cela doit nous interpeller pour que les conséquences de cet abandon n’aient pas un impact sur la vie de nos enfants », poursuit Elyassir Manroufou. Avant d’ajouter : « Il suffit de prendre sa voiture pour voir toutes ces personnes déambuler. » Les conséquences s’avèrent dramatiques à ses yeux. « Huit personnes en rupture de médication ont été à l’origine de cambriolages et d’incidents sur M’Tsapéré la semaine dernière… »

Un service psychiatrie en Petite-Terre

Ces propos restent toutefois à nuancer. Officiellement, aucune institution ne peut confirmer ou infirmer ce chiffre délirant. Mais l’on pourrait s’en approcher en additionnant toutes les structures au sein du centre hospitalier de Mayotte : le service fermé de psychiatrie, les CMP de Mamoudzou et de Chirongui et le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel. Auxquelles doit s’ajouter prochainement l’ouverture d’une maison de santé mentale sur Combani, en lien avec Mlézi Maoré. Seul hic face à toutes ces offres disponibles ? La difficile gestion des ressources humaines. « Nous avons beaucoup de mal à recruter des psychiatres de manière pérenne. Aujourd’hui, il est plus intéressant de ne pas travailler au CHM si les professionnels tiennent compte des horaires et des conditions salariales », confirme une source proche du dossier.

Mais la donne pourrait rapidement évoluer ! En effet, le CHM attend le feu vert du ministère de la Santé, notamment concernant les financements, pour construire un pôle de santé mentale digne de ce nom et ainsi augmenter le nombre de lits en hospitalisation, actuellement limité à dix… En attendant, un projet est actuellement à l’étude pour transformer l’ancienne maternité de Dzaoudzi en un service de psychiatrie temporaire. Une information confirmée à demi-mot par Ali Omar, le 3ème vice-président du Département en charge de l’administration générale.

Des avancées d’ici la fin de l’année ?

Face à l’alerte donnée par l’opposition, Madi Velou, en charge des solidarités, de l’action sociale et de la santé, et Abdoul Kamardine, élu lui aussi de la majorité et membre du conseil d’administration du CHM, ne veulent pas mettre la charrue avant les bœufs et préfèrent éclaircir ces points avec les autorités compétentes. « Certains schémas sur l’autonomie des personnes vulnérables doivent sortir au premier trimestre 2022 », répond le premier des deux élus. Tandis que le second confirme une réflexion en cours par rapport à l’installation d’une unité spécialisée pour la psychiatrie.

Toujours est-il qu’Elyassir Manroufou souhaite que ses collègues de la collectivité « réaffirment ensemble un engagement solidaire, unitaire et le plus large possible afin de soutenir et d’accompagner les acteurs de la santé mentale à s’investir durablement sur notre département » et « demandent à l’agence régionale de santé les conditions pour la mise en place d’un projet territorial, conformément à la législation en vigueur ». Un appel du pied entendu par le président, Ben Issa Ousseni. « Vous nous donnez des éléments très concrets, mais permettez-nous de les analyser. Cette motion va être expertisée par notre DGA et de nouveau présentée très rapidement. » Probablement le 13 décembre prochain, lors de la prochaine assemblée plénière. Avec des réponses concrètes cette fois-ci ?

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