Ce mercredi, l’Équipe mobile en éducation thérapeutique (Emet) et une équipe de diététiciennes du centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont proposé un atelier dédié à la nutrition pendant le ramadan. Au self du CHM, le public a pu découvrir comment effectuer le jeûne tout en équilibrant son alimentation.
« C’est trop bon ! », s’exclame un des membres du personnel du centre hospitalier de Mayotte (CHM), à Mamoudzou, à la dégustation d’un rougail d’aubergine proposé au public venu au self de l’hôpital pour en savoir plus sur les habitudes alimentaires à prendre pendant le ramadan.
Face à la perturbation que représente cette période de jeûne pour l’alimentation, l’Équipe mobile en éducation thérapeutique (Emet) et des diététiciennes ont organisé pour la première fois un atelier dédié au sujet ce mercredi. « La plupart des patients que nous suivons prennent du poids pendant cette période, qui s’étale quand même sur un mois, en raison de repas très riches avec beaucoup de fritures. Avec la privation pendant la journée, l’organisme va davantage stocker. Parfois, les résultats des efforts faits par nos patients pendant un an disparaissent avec ce moment de l’année », explique Béatrice Andrien, coordinatrice pour l’Emet et diététicienne de métier. L’autre cas de figure, celui d’une perte de poids accompagnée de carences, existe également, mais est moins fréquent, nous explique-t-elle. En effet, le fait de jeûner la journée fait que l’estomac se resserre, et cela peut provoquer une perte d’appétit.
« L’important, c’est le rythme. Il faut réussir à faire trois repas plutôt qu’un gros, puis grignoter ensuite », affirme Bashra Ousseni, étudiante en deuxième année de diététique, qui anime un stand dédié à ce point. Ainsi, elle conseille un repas équilibré de quantité normale pour l’iftar (rupture du jeûne), un autre après le tarawih (une prière du soir exécutée quotidiennement pendant le mois de jeûne) et un avant le levé du soleil.
Féculents, légumes et produits laitiers
Celles et ceux qui viennent à la table de Bashra Ousseni sont questionnés sur leurs habitudes alimentaires pendant le ramadan à l’aide de cartes imagées à placer sur un schéma de la journée. « Moi, je ne fais qu’un repas par jour le midi d’habitude, donc là, je le décale juste le soir », décrit l’une. « Moi, je bois du jus de fruit tout au long de la nuit », explique un autre. Ils apprennent ainsi qu’il faut privilégier des repas composés de féculents en quantité raisonnable, de légumes et de produits laitiers. « Ce type de repas va mieux tenir que les repas riches en gras et en sucre, la sensation de faim sera moins présente pendant la journée », stipule l’étudiante.
Pour que ces consignes soient accompagnés de conseils pratiques, l’équipe du CHM a édité un livret de recettes qu’elle recommande pendant le ramadan. « Les plats traditionnels sont plutôt équilibré à Mayotte, donc on peut partir de ça. Pour foutari (rupture du jeûne, NDLR), un exemple de repas équilibré serait du rougail d’aubergine en entrée, puis du poisson, de la papaye, du fruit à pain frit et un yaourt », liste la future diététicienne, qui invite les visiteurs à se rendre au stand de dégustation à côté pour tester différentes idées de recettes.
« L’activité physique est compatible»
« Je vais essayer d’intégrer plus de produits laitiers dans mes repas », déclare une stagiaire au CHM après être passée par le stand. Mais avant de repartir avec ces précieux conseils, une autre table attend les visiteurs. Sonia Uwimbabazi, kinésithérapeute, et Abou El Karim, enseignant en activité physique adaptée (EAPA), les guettent pour parler de sport. « On veut que les gens comprennent qu’activité physique et ramadan sont tout à fait compatibles », insiste Sonia Uwimbabazi, ajoutant qu’on peut faire tous les sports que l’on veut, en fonction de ses habitudes et de son niveau de fatigue. « Il faut juste être un peu plus modéré, comme il y a moins d’apport énergétique pendant la journée. »
Pour celles et ceux qui font de grands repas riches en sucre et en gras, cela permet d’équilibrer l’apport calorique des repas, nous précise-t-elle, entre deux paroles d’encouragement à un homme venu essayer le steppeur apporté pour l’occasion.
Son collègue insiste sur l’importance de garder une bonne hydratation. « Si on fait du sport pendant la journée, il faut bien boire de l’eau avant le levé du soleil et le soir. Si on fait du sport le soir, il faut bien veiller à s’hydrater tout au long de l’activité », préconise Abou El Karim. S’il s’agit du seul jour où aura lieu cet atelier cette année, l’opération est vouée à se répéter avant chaque début de ramadan.