Un premier cas de choléra détecté à Mayotte

L’épidémie dans les Comores voisines ne laissait guère de place au doute. Une femme, arrivée à Passamaïnty ce lundi, a été testée positive au choléra. Présentant les symptômes de la bactérie (vomissements et diarrhée), c’est elle qui a joint le 15 pour être prise en charge.     

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Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville (au centre), a tenu une conférence de presse, ce mardi matin, aux côtés des directeurs de l’Agence régionale de Santé (ARS), Olivier Brahic (à gauche), et du centre hospitalier de Mayotte, Jean-Mathieu Defour (à droite), au sujet du premier cas de choléra connu à Mayotte.

                                                                                            

Détection

« On a détecté un cas de choléra qui est arrivé [lundi], selon nos informations et le témoignage de la personne concernée, d’Anjouan par kwassa. Elle est arrivée dans le nord de l’île et comme elle ne se sentait pas bien, elle a appelé le 15 », confirme le préfet de Mayotte, ce mardi matin. François-Xavier Bieuville a tenu une conférence de presse, aux côtés des directeurs de l’Agence régionale de Santé (ARS), Olivier Brahic, et du centre hospitalier de Mayotte (CHM), Jean-Mathieu Defour, au sujet du premier cas connu à Mayotte. « La patiente est stable au niveau santé », informe le directeur du CHM, qui précise que des formations ont eu lieu sur le sujet pour les professionnels de santé et « qu’une centaine d’agents ont été vaccinés ».

« Les équipes de l’ARS sont allées sur le terrain pour identifier le cercle familial et les cas contacts », ajoute le directeur de l’ARS. « Les personnes ont reçu des antibiotiques prophylactiques. Cela tue le germe et donc les selles ne sont plus contaminables (N.D.L.R. la bactérie se transmet uniquement par voie fécale). » Deux personnes ont été également vaccinées et des investigations sont toujours en cours.

Dispositif

Il y a un mois et au vu des premiers cas recensés aux Comores, l’Agence régionale de Santé avait tenu une conférence de presse pour expliquer son dispositif. La description a été réitérée, ce mardi matin. « Le dispositif se base sur trois piliers, dont premièrement, la détection et l’alerte. Dans le cas présent, ça a bien marché », estime Olivier Brahic. « Ensuite, il y a la capacité de réactivité et de réaction sur le terrain pour prendre en charge les cas contacts et désinfecter l’environnement. Et troisièmement, une prise en charge sécurisée au CHM. » « Toute personne qui vient des Comores et qui a soit des diarrhées ou des vomissements, le premier réflexe est de s’isoler et d’appeler le 15 », répète-il. Au CHM, six lits sont pour l’instant réservés pour des malades atteints du choléra dans une aile de l’hôpital de Mamoudzou, mais une augmentation des capacités est prévue si la situation s’aggrave. Pour rappel, la bactérie n’est pas directement mortelle, mais entraîne une déshydratation qui peut le devenir.

Communication

Le préfet de Mayotte veut jouer la transparence par rapport à l’arrivée de la bactérie sur le territoire. « Il nous semblait important que la presse et les concitoyens soient informés », confirme-t-il, évoquant des « rendez-vous réguliers avec la presse pour faire un état des lieux ». Ces points pourraient être hebdomadaires. « On se retrouvera régulièrement pour vous tenir informés », promet le délégué du gouvernement.

Frontières

Interrogées sur la surveillance des frontières, les autorités restent sur le même modèle. Seuls les cas suspects, notamment venus des Comores ou du Kenya où l’épidémie est en cours, sont testés. Des messages de prévention sont diffusés dans le Maria-Galanta par exemple et une feuille d’émargement doit assurer la traçabilité. Il n’y a pas de tests négatifs exigés pour tous les passagers comme pendant la période du Covid-19. « À ce stade, ça n’aurait pas de sens », considère le directeur de l’ARS. Préférant anticiper une réaction de la population au sujet de l’immigration, le préfet ne veut pas que des nouveaux barrages se développent sur le territoire. « L’une des clés de la réussite, c’est qu’on ait une grande liberté de déplacements. Il faut qu’on aille sur les zones où on a besoin de tester et d’isoler si on peut. Et si un cas est détecté, il faut qu’on puisse l’emmener à l’hôpital », prévient-il.

Eau

Parmi les préconisations, il est impératif de se laver régulièrement les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique, mais également de boire de l’eau potable. Quid de l’eau courante alors qui reste distribuée deux jours sur trois dans les quartiers, voire moins avec les coupures techniques ?  « Il faut profiter des tours d’eau pour faire des réserves, évidemment. Deuxième sujet, les rampes sont conservées, parce que justement elles sont utilisées dans des zones où il peut y avoir potentiellement à la fois des problèmes d’hygiène et de consommation », explique le préfet. Et pour ce qui est du ramadan, « dans une démarche de santé publique, on appelle évidemment à une forme de rationalité sur l’utilisation de l’eau lorsque la vie est en danger. Je pense que ce message peut passer aisément même en période particulière comme le ramadan.» 

Une attention particulière pour les voyageurs

La préfecture de Mayotte, en complément de la conférence de presse, demande aux habitants de s’isoler, s’hydrater et d’appeler le 15 si : vous souffrez de diarrhées et vous revenez des Comores ou d’Afrique continentale depuis moins de dix jours ; vous avez été en contact étroit avec une personne revenant d’un de ces pays depuis moins de dix jours ; vous avez consommé des produits frais apportés des Comores dans les dix jours ; vous souffrez de diarrhées aqueuses aiguë et d’une déshydratation sévère ; vous souffrez de diarrhées après avoir été en contact avec un cas suspect de choléra.

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