Dans un communiqué en date du 16 avril, Santé Publique France recense dix femmes enceintes atteintes du Covid-19 depuis le début de la propagation du virus à Mayotte. Pour le docteur Madi Abdou, chef de pôle gynécologie-obstétrique, la grossesse ne représente pas un risque. Et l’accouchement se fait normalement.
Covid-19 ou non, la maternité de Mayotte continue de tourner à bloc. Comme le démontre une vidéo tournée par une sage-femme et diffusée le 14 avril dernier au JT de 13h de France 2. Bilan de la nuit de lundi à mardi : une vingtaine de naissances ! Mais existe-t-il un réel danger pour ces futures mamans qui affluent par dizaine quotidiennement ? “La femme enceinte est un statut, ce n’est pas une personne à risque”, insiste le docteur Madi Abdou, le chef de pôle gynécologie-obstétrique. Pourtant, l’agence régionale de santé, qui comptabilise le nombre de cas positifs sur le territoire, en recense dix. Un chiffre relayé la semaine dernière par Santé Publique France. Seule différence avec une personne classique : “il faut qu’elle soit suivie de près, car son évolution peut être très rapide. Mais le risque de fausse couche n’est par exemple pas plus élevé.” D’où leur installation dans le service de médecine. Ou encore l’envoi de l’une d’elles en réanimation pour des raisons de force majeure. “Elle n’était pas arrivée à terme, donc nous n’avons pas déclenché l’accouchement. Elle se porte très bien aujourd’hui. Nous n’avons pas encore été confrontés à une dépression respiratoire et une souffrance fœtale aiguë qui aient nécessité une prise en charge immédiate par césarienne”, assure celui qui est également président de l’association Redeca, qui organise des campagnes de dépistage du cancer du col de l’utérus.
Pas de séparation à la naissance
Si sur le papier, la situation de la femme enceinte atteinte du virus ne semble visiblement pas plus alarmante ou préoccupante que cela aux yeux des autorités sanitaires, quid de celle du futur nouveau-né ? “La femme enceinte ne [lui] transmettra jamais le virus”, certifie le docteur Madi Abdou. Il y a quelques jours au Pérou, un bébé est né contaminé par sa mère à travers le placenta. C’est le deuxième de ce genre à l’échelle mondiale. Face à ce constat, il revient quelque peu sur ses paroles : “Alors c’est juste un cas. Ou alors, il s’agit d’une contamination manuportée”, corrige-t-il. Les données à ce sujet sont encore trop floues pour certifier tel ou tel raisonnement. Néanmoins, le professionnel de santé confie que la maman ne sera pas séparée de son enfant après la naissance, en portant un masque et des gants, et qu’elle pourra l’allaiter normalement, comme n’importe qui.
Et pour que les accouchements se déroulent dans les meilleures conditions possibles, l’ensemble du service se tient prêt à appliquer toute une série de mesures sanitaires. “Nous avons l’habitude des épidémies et à chaque fois, nous nous préparons. Toute une procédure stricte est à suivre.” La plus symbolique est de ne pas admettre d’accompagnants dans la salle de travail… Et pour celles et ceux qui se posent des questions sur les éventuelles répercussions du Coronavirus sur le bébé, les résultats s’écrivent encore en pointillés. “Selon la société française de foetopathologie, il n’y a pour le moment pas de malformation dans les diagnostics prénatals. Et s’il y en a une, elle a été provoquée par une autre pathologie”, suppose le vice-président du syndicat des médecins. En clair, les premières expériences laissent présager un risque pour la grossesse proche du néant. Toutefois, certaines interrogations persistent toujours… Après tout, ne cesse-t-on jamais de répéter que la médecine n’est pas une science exacte ?
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