La POPAM combat les addictions, « vrai enjeu » mahorais

Ce vendredi 9 septembre se déroulait l’inauguration de la plateforme Oppelia de prévention et de soins en addictologie (POPAM). Ouvert depuis le début de l’année à Miréréni, dans la commune de Tsingoni, ce lieu est le premier de Mayotte à accueillir, orienter et accompagner les personnes souffrant d’addictions, ainsi que leurs familles.

« On boit un verre entre amis, on reproduit le geste, et c’est là que commence l’addiction. » Alain Morel, le directeur général de l’association Oppelia, a insisté sur le fait que les addictions pouvaient toucher tout le monde, devant un parterre de partenaires venus assister à l’inauguration de la première antenne du genre à Mayotte. Ouverte depuis le début de l’année 2022, la petite maison avec jardin mirérénienne reconvertie en centre d’accueil a déjà reçu 2.000 personnes pour les écouter et les orienter vers le service adapté.

« Une implantation locale, pas une association parisienne »

La coordination était d’ailleurs au cœur des débats, ce vendredi matin. Entre deux imitations de Jacques Chaban-Delmas, Jean-Louis Loirat, le président d’Oppelia, est d’ailleurs revenu sur le « rôle vecteur » de Moncef Mouhoudhoire dans la création de la POPAM. « On multiplie les rouages, mais aussi les chances d’avoir des grains de sable », a ajouté le président, réaffirmant qu’Oppelia à Mayotte était « une implantation locale, pas une association parisienne ». Créé en 1975, l’organisme aux quelque 800 salariés en dépêche donc 14 à Miréréni avec l’ambition de travailler en symbiose avec les acteurs locaux, dont l’Agence régionale de santé.

« Il nous manquait cette dernière pierre », s’est d’ailleurs félicité Olivier Brahic, le directeur général de l’agence régionale de santé. « La lutte contre l’addiction est un vrai enjeu à Mayotte, étant donné la pyramide des âges et les dommages que représentent la consommation précaire. » « Personne n’a la solution à lui seul », a abondé Alain Morel, rappelant qu’il ne fallait pas résumer l’addiction à un comportement fautif, mais à un comportement social : « C’est la communauté sociale qui peut définir l’ensemble des solutions aux addictions, qui sont forcément multidimensionnelles. »

Mieux connaître les drogues locales

C’est pourquoi la gendarmerie était présente pour cette inauguration, les militaires remplissant un rôle de prévention essentiel auprès de la population. « On connaît aujourd’hui des phénomènes délinquants très prenants, dans lesquels on a, la majeure partie du temps, des comportements addictifs », a expliqué l’adjudant-chef Dayan Chanfi, présent sur la terrasse couverte de l’établissement. Celui qui est aussi en charge de la Maison de protection des familles de Koungou a également évoqué que la gendarmerie de Mayotte devait « travailler en amont, expliquer les conséquences sanitaires et judiciaires de ces comportements ».

Autre objectif de cette coordination souhaitée par toutes et tous, une « connaissance plus précise des drogues spécifiques à Mayotte », comme le voudrait Olivier Brahic. « On parle beaucoup de la chimique, que l’on apparente aux nouveaux produits de synthèse », a confirmé l’adjudant-chef Dayan Chanfi. « Au sein de notre unité, on a trois militaires qui sont formateurs antidrogues. On peut donc mener des actions de prévention sur toutes les actions qu’on a dans l’île. Les partenaires peuvent compter sur nous pour travailler main dans la main, pour réduire ces comportements. » Il en va effectivement de la santé et de la sécurité des Mahorais : selon une enquête réalisée en 2009, 36% des jeunes buveurs de Mayotte déclarent boire sept verres et plus lorsqu’ils s’alcoolisent.

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