A Ouangani, l’offre médicale passe dans une autre dimension

Samedi dernier, la Maison de santé Moinecha Ali Combo a été inaugurée à Ouangani après quatre années de travaux. L’aboutissement d’un long cheminement pour le docteur Elhad Mohamadi, à l’origine du projet, et la promesse d’une meilleure offre de soins pour les habitants du centre et de l’ouest du département, des zones délaissées par les médecins libéraux.

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Le docteur Elhad Mohamadi, jusqu’ici basé dans un cabinet médical à Chiconi, avait imaginé ce projet dès 2017.

Prévenir la désertification médicale dans le centre et l’ouest de Mayotte, ou plus encore la contrer. Tel est l’objectif des porteurs du projet de la maison médicale XXL qui a été inaugurée en grande pompe, le samedi 20 avril, à l’entrée de Ouangani. Depuis lundi, des patients sont accueillis dans ce bâtiment de 1.100 mètres carrés répartis sur trois niveaux habilement dessinés par le cabinet d’architecte Tand’M. Elhad Mohamadi, le docteur en médecine générale à l’origine du projet avait vu grand. Et l’afflux de patients enregistré en début de semaine confirme que son centre médical répond à un besoin concret. « Sur l’ancien site, on pouvait prendre maximum 60 patients par jour. [Lundi], nous avons reçu 120 patients, et la capacité maximale d’accueil va bien au-delà », image-t-il.

L’offre de soins est presque complète. Au rez-de-chaussée, on peut trouver la plus grande pharmacie de Mayotte en termes de superficie. Dans les autres locaux, un chirurgien orthopédique, un cardiologue et une sage-femme sont en cours d’installation. Pour le suivi des grossesses, un maïeuticien échographiste opère dans une salle qui compte aussi un service de radiologie conventionnel. L’installation d’un dispositif d’imagerie par résonance magnétique a été écartée, car trop coûteuse. « Pour faire de l’imagerie de base, il n’y aura plus besoin d’aller vers le chef-lieu. Tout cela participe aussi à désengorger le CHM [centre hospitalier de Mayotte] », félicite tout de même le docteur Mohamadi. Ce dernier est quant à lui accompagné d’un interne, le centre médical étant labellisé « terrain de stage » pour les étudiants en médecine. Un médecin venu de l’Hexagone partage aussi son étage.

« La prise en charge ambulatoire souffrait énormément »

Repoussée, l’ouverture de la maison médicale de Ouagani est venue concrétiser quatre années de travaux et presque autant de temps consacré à l’ingénierie. Ce projet, Elhad Mohamadi affirme en effet l’avoir couché noir sur blanc en 2017, après avoir passé trois années au cabinet médical de Chiconi. « Quand j’ai fini mes études, je suis parti dans l’idée de faire une carrière hospitalière, car on est conditionné pour faire ça. J’ai finalement remplacé un médecin qui était en âge de départ à la retraite à Chiconi. Pendant cette période, je me suis rendu compte que la prise en charge ambulatoire souffrait énormément », se remémore le quadragénaire

Son idée était simple : pour faciliter la prise en charge des patients et améliorer la communication entre les services de soins, il apparaissait nécessaire de rassembler les professionnels de santé sur un même site. Après avoir identifié la parcelle – qu’il a acheté sur fonds propre – le docteur a fait appel à ses amis d’enfance pour structurer le projet. Son choix s’est porté sur la création d’une société civile immobilière (SCI) au sein de laquelle il a réalisé un apport financier. S’il a fini par taper à la porte de plusieurs institutions dès 2020, c’est parce que le projet, dont le coût total a été évalué à près de trois millions d’euros, nécessitait un appui public. La mairie de Ouangani, la communauté de communes du centre-ouest (3CO) et le conseil départemental ont répondu présent. Le département, qui a financé la maison médicale à hauteur de 500.000 euros, a aussi autorisé les exploitants à créer une servitude à l’arrière du bâtiment. Cette dernière fait désormais office de parking et peut accueillir une vingtaine de véhicules.

Douze médecins libéraux pour 100.000 habitants

Un « ouf » de soulagement pour certains patients qui devaient parfois s’acquitter de trois heures de route pour une simple radio, par exemple. « Je pense que beaucoup de personnes y avaient pensé, mais il fallait le faire », image Youssouf, la trentaine, en sortant de la maison médicale. « Seulement, peu de personnes sont capables de porter un projet du début à la fin. » Nommé « citoyen d’honneur » par le conseil départemental de Mayotte, Elhad, modeste, préfère rappeler la réalité du désert médical mahorais. Selon des données de l’agence régionale de santé (ARS), Mayotte compte moins de douze médecins libéraux pour 100.000 habitants, contre 169 pour 100.000 habitants dans l’Hexagone, en moyenne.

Le ratio mahorais est très largement en-deçà de celui enregistré dans les autres départements d’outre-mer (129 pour 100.000 habitants) et s’explique en partie par le manque de locaux et la concentration de l’offre de soins dans le public, un secteur forcément plus attirant pour les médecins en exercice.

Un nouveau médecin s’installe à Combani

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Depuis lundi, le docteur N’gassidi Djaldi Tabdi est ouvert aux consultations dans le nouveau cabinet médical de Combani.

Le village de Combani, à Tsingoni, bénéficie d’un nouveau cabinet médical. Un médecin généraliste, le docteur N’gassidi Djaldi Tabdi, a commencé ses consultations lundi. Ses locaux sont situés à l’angle des rues de Haouledi et Décasé. Une bonne nouvelle pour les habitants du village, qui disposaient déjà d’un médecin généraliste en activité. Cependant, les délais d’attente avant consultation étaient parfois très longs. Pour améliorer l’offre de soins, la commune de de Tsingoni a cofinancé à hauteur de 15.000 euros les travaux d’aménagement du nouveau cabinet. Le docteur propose d’ores et déjà des consultations de médecine générale sans rendez-vous, du lundi au vendredi de 6h à 15h et le samedi de 6h à 12h.

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