Pendant l’hiver austral, de juin à septembre, le territoire de Mayotte est sujet à une épidémie de gastro-entérite. Au regard de la situation épidémiologique en cours sur le territoire, l’Agence régionale de santé (ARS) a tenu une conférence de presse ce mardi, pour faire part de l’épidémie en cours. Côté fièvre typhoïde, deux nouveaux cas ont été détectés dernièrement (voir encadré).
Depuis trois semaines, une augmentation des indicateurs de surveillance épidémiologiques de la gastro-entérite est constatée. « On voit qu’il y a une nette augmentation notamment chez les enfants de moins de cinq ans », constate Youssouf Hassani, responsable de la cellule Mayotte de Santé publique France. Une augmentation qui se fait ressentir au niveau de l’activité de passage aux urgences, avec un taux de 8 % en semaine 33, passant à 25 % en semaine 35. « Il n’y a rien d’exceptionnel par rapport à la saison », rassure-t-il. En 2019, une forte épidémie avait eu lieu et le taux de passage aux urgences était monté jusqu’à 32 % au mois d’août.
Des indicateurs en augmentation
« Cette épidémie de gastro-entérite aigüe a un impact sur le système de santé et principalement sur les urgences », constate Olivier Brahic, directeur général de l’ARS. Active sur le territoire depuis plusieurs semaines, la gastro-entérite a connu un bond le week-end dernier aux urgences du centre hospitalier de Mayotte, ainsi l’explique Alimata Gravaillac, cheffe du service des urgences du CHM : « on a constaté que plus de la moitié des motifs d’entrée des enfants portait sur la gastro-entérite ». D’après elle, ce mardi, en box pédiatrique, 70 % des enfants étaient présents pour des motifs de gastro-entérite. « Certes, ils ne sont pas tous graves, mais ce sont des enfants qui vont nécessiter une surveillance, ce qui augmente notre activité », complète-t-elle.
Une surveillance virologique également en hausse, avec une augmentation du nombre de prélèvements positifs et un taux de positivité atteignant 69 %. « Quand on est en période épidémique, on a une augmentation du taux », explique le responsable de Santé publique France. Le germe le plus présent est le rotavirus, « c’est le virus que l’on observe lors d’épidémie », informe-t-il. Cette infection peut entrainer une déshydratation sévère chez les nourrissons et enfants. Elle est donc à surveiller, tout comme le poids de l’enfant. Une bonne hydratation est nécessaire, et s’il est nécessaire, consulter un médecin de proximité pour une prise en charge.
Des mesures d’hygiène essentielles à respecter
Afin de lutter contre l’augmentation de cette épidémie, l’Agence régionale de santé a rappelé qu’il était important de renforcer les mesures d’hygiène. La gastro-entérite étant une maladie manuportée, le lavage des mains le plus régulièrement possible est recommandé. « C’est vrai que la crise de l’eau peut rendre plus compliquée la mise en œuvre des recommandations et principalement celle liée au lavage des mains », admet Olivier Brahic. Pour lui, il faut rationaliser le sujet, « il n’y a pas besoin d’hectolitres d’eau pour se laver les mains ». Il est donc important, dans le cadre de cette crise de l’eau que vit actuellement l’île et ses habitants, « de revenir aux gestes d’hygiène essentiels », afin d’éviter un pic épidémiologique. Cependant, Youssouf Hassani relativise en réaffirmant qu’« on est bien dans une période d’épidémie de gastro-entérite, mais tous les indicateurs que nous surveillons montrent que nous sommes dans la normale saisonnière ».
Deux nouveaux cas de fièvre typhoïde découverts
En fin de semaine deux nouveaux cas de fièvre typhoïde ont été identifiés sur le territoire. Depuis le début de l’année, neuf cas avaient été relevés. « La fièvre typhoïde est une maladie endémique à Mayotte, l’an passé de gros foyers avaient été trouvés et atteint 123 cas sur le territoire », précise Olivier Brahic, directeur général de l’Agence régionale de santé de Mayotte. En 2022, les investigations qui avaient été réalisées portaient sur des problématiques liées à l’alimentation, « là, il s’agit de deux cas isolés et sporadiques comme on découvre de manière régulière sur le territoire », constate ce dernier. Ces deux cas isolés pourraient provenir d’une contamination liée à l’utilisation d’eau issue d’un puits. « Cette hypothèse nous permet de rappeler, dans le cas de cette crise de l’eau, qu’en aucun cas, l’utilisation de l’eau d’un puits ne peut être utilisée pour l’alimentation », rappelle le directeur. Des mesures exceptionnelles seront mises en place, notamment la vaccination des personnes contacts identifiés.