Après une année 2023 relativement épargnée par la leptospirose, en raison du manque de précipitations, le nombre de cas déclarés depuis le 1er janvier 2024 atteint déjà la moitié du bilan de l’année dernière. Selon Santé publique France, pour lutter contre cette maladie qui se transmet par contact avec l’urine de rat, il faut « organiser une gestion des déchets efficace ».
Dans son bilan concernant la leptospirose à Mayotte sur l’année 2023, Santé publique France livre les premiers chiffres de 2024. Ainsi, du 1er janvier au mardi 5 mars 2024, 28 cas de cette maladie qui se transmet notamment par l’urine des rats ont été déclarés, soit déjà la moitié des cas recensés en 2023 (57).
Si à la mi-février, l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte affirmait que la leptospirose restait cantonnée à quelques cas, lors d’une conférence de presse sur la menace du choléra, on constate un pic du nombre de cas déclarés ce mois-ci, avec une vingtaine.
Si ces chiffres sont en forte hausse par rapport à ceux de 2023, c’est notamment en raison des précipitations. La saison humide favorise la prolifération et persistance des bactéries leptospires, à l’origine de cette maladie. L’année de sécheresse qu’a été 2023 a donc vu une diminution des cas (57 contre 131 en 2022). Les chiffres de 2024 et le pic du début du mois de mars semble s’aligner sur ceux de 2022.
L’accumulation des déchets, attirant les rats, dans les rues avec la collecte freinée pendant la période des barrages pourrait aussi être un élément contribuant à cette augmentation. Santé publique France rappelle d’ailleurs dans son bilan qu’il est indispensable « d’organiser une gestion des déchets efficace pour l’ensemble des habitants de Mayotte afin de mieux lutter contre cette maladie ».
Des symptômes à surveiller
La leptospirose est une maladie provoquée par des bactéries, les leptospires. Ces dernières infectent généralement les mammifères sauvages et domestiques comme les rats, musaraignes, zébus, chevaux, chiens, qui les rejettent dans leurs urines. C’est en contact direct avec ces dernières où un environnement contaminé par elles que l’infection survient chez l’homme.
Il est donc recommandé de se protéger avec des gants et des bottes lors des activités en contact avec les animaux, d’éviter de se baigner en eau douce lorsqu’on a des plaies et éviter de marcher pieds nus ou en sandales sur les sols boueux.
Cette maladie peut se traduire par l’apparition brutale d’une fièvre, de frissons, maux de tête ou encore troubles digestifs. « Les manifestations cliniques vont du syndrome grippal bénin jusqu’à une défaillance multi-viscérale potentiellement létale », précise Santé publique France avant de préciser que ce sont des formes asymptomatiques qui sont couramment décrites au cours d’enquêtes épidémiologiques. En cas d’apparition de symptômes après une des activités à risque, il faut consulter un médecin sans délais.
Cela est d’autant plus important que depuis le 24 août 2023, les professionnels de santé sont obligés de signaler les cas confirmés pour améliorer la prise en charge de la maladie et son suivi épidémiologique.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.