Alors que 191 nouveaux cas ont été recensés dimanche et lundi, Mayotte, passée en orange sur la carte du gouvernement, va entamer une nouvelle phase de déconfinement mardi, avec l’ouverture des bars et des restaurants. Mais l’ARS reste sur ses gardes.
Et tout devint vert… ou presque. Alors que la plupart des départements a entamé une nouvelle phase de déconfinement, Mayotte, classée rouge jusqu’à jeudi dernier, est quant à elle passée en orange. Avec l’Ile-de-France et la Guyane, l’île aux parfums fait partie des trois départements encore concernés par des mesures restrictives, et un niveau élevé de vigilance. “Il faut retenir que nous faisons partie des territoires où il y a encore une circulation virale forte, voire au-delà du seuil d’alerte, en ce qui concerne l’Oise et Mayotte”, a tenu à souligner Dominique Voynet, la directrice de l’ARS lors de son point presse vendredi dernier. “Même en orange, cela ne doit pas nous inciter à alléger notre vigilance”, a-t-elle insisté.
Et elle ne fait d’ailleurs pas si bien dire. Ce week-end, après une campagne de prélèvements massive au centre pénitentiaire de Majicavo-Lamir, le verdict est tombé. En tout, 191 nouveaux cas sont venus s’ajouter dimanche et lundi, portant à 1.934 le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 à Mayotte, contre 1.699 vendredi. Parmi eux 152 nouveaux cas se sont révélés positifs à la prison. Cette forte hausse du nombre de personnes contaminées s’explique par la décision prise par l’ARS et le CHM de dépister l’ensemble des détenus, des personnels et des professionnels de santé du centre, après avoir constaté plusieurs cas positifs chez des surveillants. Cette situation poussait la directrice de l’ARS à rappeler à tous de ne pas baisser la garde, alors que de nouveaux cas étaient aussi recensés dans certains milieux professionnels bien informés sur les gestes barrières. “Nous continuons à voir une circulation active du virus dans les quartiers les plus défavorisés, mais pas que : on a des cas qui apparaissent dans des milieux où les gens sont formés et ont tout le matériel de protection nécessaire”, s’est-elle inquiétée vendredi.
Les nouveaux critères de la carte du déconfinement
Mais alors pourquoi Mayotte est-elle passée en orange ? Plusieurs facteurs permettent de l’expliquer. Déjà, le gouvernement a revu les critères permettant d’établir la carte du déconfinement. Auparavant, étaient retenus le taux de circulation du virus – à savoir la proportion de passage aux urgences pour suspicion de Covid -, la tension hospitalière sur les capacités de réanimation – soit le taux d’occupation des lits de réanimation par des patients covid par rapport à la capacité initiale avant l’épidémie -, et les capacités de tests. “Ces critères étaient d’ailleurs peu adaptés à la situation de Mayotte, car nous partons déjà sur une faible capacité en réanimation, qui est une vérité 365 jours par an”, a rappelé Dominique Voynet.
Ce sont désormais l’incidence – le taux de cas positifs dans la population -, le taux de positivité des tests, le taux de reproduction R0 – le nombre de personnes infectées par une personne contaminée -, et le taux d’occupation des services de réanimation, qui permettent d’établir la carte. D’après la directrice de l’ARS, les nouveaux critères retenus sont plus efficaces pour étayer la circulation du virus. Toutefois, “nous avions plaidé que le calcul de l’incidence ne se fasse pas sur les derniers jours, car les gens ont peu fréquenté les centres de santé, entre l’Ascension et l’Aïd. Sur ce critère-là au moins, nous serions plutôt en alerte qu’en vigilance”, a-t-elle expliqué. D’autres critères sont plus positifs, comme le taux de positivité des tests “qui a nettement baissé alors que nous n’avons pas changé notre stratégie de tests”, et le taux de reproduction, lui aussi en baisse, “même s’il est difficile à interpréter, car il faudrait dépister beaucoup plus pour en avoir le coeur net”, a développé Dominique Voynet. Quant à l’occupation des services de réanimation, si la tension n’est pas comparable à ce qu’ont pu connaître certains départements de la métropole au plus fort de l’épidémie, les evasan vers La Réunion y participent largement.
Deux décès supplémentaires
En clair, Mayotte, toute orange qu’elle soit, n’est pas encore tirée d’affaire. Et les deux décès survenus ce week-end, portant le bilan à 24, sont aussi venus le rappeler. Les deux personnes âgées étaient hospitalisées en réanimation depuis plusieurs jours, et l’une d’elle est morte après son évacuation vers La Réunion. Au sein même du CHM, “on voit réapparaître des cas groupés dans certains services”, a noté l’ancienne ministre. Depuis le pic au début de l’épidémie, le nombre de nouveaux cas parmi les soignants s’était maintenu à un niveau plutôt faible, jusqu’à aujourd’hui. La situation à Mayotte conserve donc ses zones d’ombre, constat d’ailleurs partagé par les deux épidémiologistes qui étaient venus en renfort avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin et sont repartis vendredi matin. Malgré les signes d’une circulation active du virus sur le territoire, la vague pressentie ne s’est pas encore abattue sur Mayotte. Pour autant, cela ne veut pas dire que le pic épidémique est derrière nous, supposent les experts : le 101eme département traverserait plutôt une phase de répit. Avant la tempête ?
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