Les aides alimentaires semblent partir d’une bonne intention. Pourtant, cette initiative pourrait rapidement vider les rayons des magasins et provoquer une pénurie sur l’île, dans quelques semaines, si les acteurs sociaux ne changent pas de stratégie.
Depuis le début du confinement, les communes mettent tout en place pour que les familles défavorisées puissent manger à leur faim. Pour cela, des distributions de denrées alimentaires sont organisées sur l’ensemble de l’île. Mais si aux premiers abords cette stratégie vient en aide à une partie de la population, elle peut également provoquer une pénurie alimentaire dans les magasins. À l’heure actuelle, Mayotte n’en souffre pas, mais si les centres communaux d’action sociale (CCAS) continuent sur cette lancée, les semaines à venir risquent d’être critiques pour les Mahorais. “Les CCAS nous demandent des devis très conséquents, et ils veulent les mêmes produits en grosse quantité”, indique Fahridine Mlanao, le directeur de Sodifram. Les produits concernés sont ceux de première nécessité comme le riz, la farine, l’huile, ou les produits de bébé. “Pour le moment, nous ne sommes pas en pénurie, mais si ça continue ainsi, les familles qui n’ont pas droit à ces aides ne trouveront plus ces produits dans quelques semaines”, ajoute le directeur de la société Sodifram. Pourtant, au début de la crise, les associations affirmaient qu’elles feraient appel aux dons des magasins. Ces derniers donneraient leurs invendus encore comestibles et utilisables. Mais cela ne semble pas suffisant et a priori la politique a changé en cours de route.
“On ne trouve pas ce qu’on veut, quand on veut, dans la quantité qu’on veut”
Fahridine Mlanao affirme qu’ils devront refuser certains devis exorbitants. D’autant plus que les CCAS demandent à être livrés très rapidement. Il conseille plutôt aux centres communaux d’action sociale de distribuer des bons alimentaires. “De cette façon, chacun peut acheter ce dont il a réellement besoin, et on évitera peut-être de créer une crise dans la crise”, explique-t-il.
C’est un fait, la crise du Covid-19 fait tourner le monde au ralenti, et la grande distribution n’est pas épargnée, au contraire. “On peut aussi craindre une pénurie à cause du confinement mondial. Certains fabricants ne produisent plus, ou pas en quantité suffisante. Du point de vue des approvisionnements, on ne trouve donc pas ce qu’on veut, quand on veut, dans la quantité qu’on veut” , déclare Fahridine Mlanao. La situation se complique également car les navires ont du retard puisqu’à l’échelle internationale certains ports sont fermés ou travaillent très peu. Le directeur de Sodifram nous affirme également que les quelques bateaux qui partent de la France hexagonale n’intègrent pas leurs marchandises parce qu’ils sont déjà trop chargés. “Nous avons saisi la préfecture concernant ce problème parce qu’à cause de cela on risque aussi d’être en rupture”, précise-t-il.
Il est donc important que les acteurs sociaux changent leur stratégie d’aides alimentaires, autrement les conséquences se feront sentir pendant le mois de ramadan qui approche à grands pas
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